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07 Juin 2023

Un soulèvement de plus grande ampleur s’annonce contre la tyrannie en Iran

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Un soulèvement de plus grande ampleur s’annonce contre la tyrannie en Iran

Depuis janvier 2018, l’Iran a connu plusieurs grands soulèvements. Le dernier a été déclenché en septembre 2022 avec le meurtre d’une jeune fille kurde innocente, Jina Amini et a changé la scène politique iranienne. Il a engendré des évènements majeurs : la certitude du renversement du régime, l’impasse dans laquelle se trouve le pouvoir clérical, un bond en avant de la résistance organisée à l’intérieur de l’Iran et l’échec des fausses alternatives.

Le rôle des femmes à l’avant-garde du soulèvement

Le rôle des femmes d’avant-garde à la direction du soulèvement en Iran en 2022-2023 a fasciné le monde. Un monde qui voyait l’Iran par le petit bout de la lorgnette de la propagande des mollahs et des Etats occidentaux, partisans de la complaisance. Et soudain, il a vu le degré de progrès de la société iranienne en résistance contre ce régime moyenâgeux et la place que les femmes iraniennes y ont gagnée. Tous ont vu que les femmes et les jeunes filles se trouvaient la plupart du temps en première ligne sur le terrain, défiant les pasdarans et dirigeant les protestations.

Ce soulèvement ne s’est pas produit du jour au lendemain. Et le rôle de premier plan joué par les femmes n’est pas le fruit du hasard. Ce soulèvement est d’une part le résultat de plus de 40 années de lutte du peuple iranien et de sa Résistance, qui ont payé un lourd tribut, notamment le massacre de 30.000 prisonniers politiques en 1988, et la résistance face à la torture, la prison et la répression et d’autre part le résultat du rôle des femmes à la direction de la résistance au cours des dernières décennies. Le dernier soulèvement a montré que le peuple iranien ne va pas revenir sur sa décision de renverser le régime. Les femmes ont été à l’avant-garde et dans de nombreux points, les jeunes ont dirigé les manifestations. Le rôle majeur des femmes est un autre signe indiquant que les Iraniens veulent un grand bouleversement et qu’ils sont prêts à payer un prix très élevé pour la liberté. En effet, en 6 mois, au moins 750 manifestants ont été tués par les pasdarans.

Cependant, malgré la répression, la situation est encore plus explosive. Il y a de nombreuses grèves et protestations. Ces dernières semaines, les travailleurs du pétrole, du gaz, de la sidérurgie, des centrales électriques et des mines de cuivre de 38 villes d’Iran ont fait grève. Zahedan, la plus grande ville de la province du Baloutchistan, manifeste contre le régime chaque semaine après la prière du vendredi aux cris de « à bas Khamenei » et « à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollah ».

Les résultats du soulèvement

Premièrement, le régime se retrouve acculé dans une impasse et n’est pas en mesure d’opérer la moindre réforme. Toute réforme entamera le pouvoir de Khamenei et entrainera la chute de l’ensemble de la dictature religieuse. Les mesures du régime pour se maintenir au pouvoir attisent le mécontentement et les flammes de la révolte. En bref, il est impossible de revenir à la situation d’avant le soulèvement. Par conséquent le renversement du régime se fera sans aucun doute par le peuple iranien, son soulèvement et sa résistance organisée.

L’ensemble de la dictature religieuse est très affaiblie, en particulier Khamenei et son président. Les désertions dans les organes du régime, en particulier dans la milice du Bassidj, sont devenues courantes. La valeur de la monnaie officielle a chuté de 17 fois depuis 2015. L’inflation à 50%, le déficit budgétaire à 50%, un chômage exponentiel, une corruption étatique systématique et la pauvreté généralisée de la population mettent le pouvoir face à une société qui veut le renverser.

Deuxièmement, ce soulèvement ne laisse plus de place au doute sur le fait que le peuple iranien veut mettre fin à la dictature religieuse et instaurer une république fondée sur des élections libres, la séparation de la religion et de l’Etat et les valeurs démocratiques. Le régime est incapable d’éteindre le soulèvement. Aujourd’hui le slogan « à bas Khamenei » est lancé par toutes les catégories sociales, tout comme le slogan « à bas le chah » dans les derniers mois de son pouvoir.

Troisièmement, les coalitions fantoches et les fausses alternatives ont été écartées. Dans le pic des protestations, des pantins manipulés par des puissances occidentales se sont présentés comme l’opposition. Ils ont prétendu diriger le soulèvement ou bien en utilisant des chaines télévisées affiliées à ces puissances, ont mis en scène des alternatives. Mais très vite, tout le monde a vu qu’ils n’avaient aucun rôle dans les manifestations. D’autres soi-disant opposants ont même soutenu la coopération avec les pasdarans. Leur objectif était de faire obstacle au soulèvement. Dans la pratique cela a joué contre la révolte et en faveur de Khamenei. C’est pourquoi, la société iranienne les a rejetés.

Le quatrième résultat, c’est que le réseau de la résistance s’est développée de manière impressionnante. Il est devenu évident que la principale force du soulèvement sont les jeunes, surtout les femmes, qui forment les unités de résistance. Ces unités, l’an dernier, ont mené environ 3000 opérations contre le mur de la répression. En mars 2023, la Résistance iranienne a annoncé que plus de 3600 membres des unités de résistance étaient toujours en prison ou avaient disparu depuis le début du soulèvement. Cependant, il faut noter que le nombre d’adhésion à ce réseau en Iran est bien plus important que celui des arrestations. Il s’agit d’un acquis de taille.

Dans ses analyses internes, le régime estime que les Moudjahidine du peuple (OMPI) « possèdent une unité et une structure organisée », sont « dotés d’un réseau influent dans le pays, d’une capacité et d’un passé de lutte et qu’ils font preuve d’une grande aptitude dans le domaine du renseignement pour tromper les services de renseignement » et que c’est « la seule organisation ayant un programme d’alternative. » Il conclut que l’OMPI « est donc considérée comme habile et subversive ».

Les mesures du régime contre le soulèvement

Pour contenir le soulèvement et assurer sa survie, le régime s’appuie sur une répression brutale des manifestations, notamment en multipliant les exécutions et les arrestations à grande échelle. Au mois de mai, on dénombre 127 exécutions officiellement annoncées, mais le nombre exact est bien plus élevé. A cet égard, le chef du système judiciaire a annoncé que davantage d’exécutions étaient à prévoir. L’objectif est de créer un climat de terreur pour faire face au soulèvement. Mais contrairement aux calculs du régime, la colère de la population s’est intensifiée.

Les mollahs ont intensifié la répression, notamment à l’encontre des femmes. Ils ont organisé des attaques chimiques contre les écoles de filles. Ils créent de nombreuses restrictions pour les femmes afin d’imposer le hijab obligatoire. De nombreuses femmes sont arrêtées. Le slogan des Iraniennes est “avec hijab ou sans hijab, en avant vers la révolution”. Et j’ai toujours insisté sur ce point : Non au hijab obligatoire, non à la religion obligatoire et non au gouvernement obligatoire.

Les mollahs mènent également une campagne de désinformation et de diabolisation pour faire croire qu’il n’a pas d’alternative. Récemment, des documents du ministère des affaires étrangères des mollahs ont été divulgués montrant que les plus hautes instances politiques et sécuritaires comme le corps des pasdarans, la force terroriste Qods, le pouvoir judiciaire et les ministères des affaires étrangères, de l’intérieur et du renseignement ont mis en place un comité commun pour lutter contre l’OMPI. Sept des treize directions du ministère des affaires étrangères y participent. Ils ont élaboré des plans pour « discréditer l’OMPI ».

Fermement engagés pour le renversement

Nous croyons que le peuple iranien et la résistance sont capables de renverser ce régime. Le principe le plus important auquel nous croyons est la liberté. 120.000 Iraniens ont sacrifié leur vie pour la liberté. Nous et notre peuple insistons sur la souveraineté populaire et rejetons toute forme de dictature : qu’il s’agisse d’une dictature religieuse ou monarchique. Le slogan commun du peuple iranien lors de ce soulèvement était “non au chah, non à Khamenei”.

Il y a 19 ans, lors d’une réunion au Parlement européen, j’ai déclaré : les mollahs de Téhéran prétendent que tout changement significatif nécessite une guerre étrangère et qu’il n’y a pas d’autre option que la complaisance. Mais j’ai dit qu’il y avait une troisième voie : le changement par le peuple iranien et sa Résistance. Je tiens à souligner que cette solution a émergé du cœur du soulèvement national en Iran. La véritable alternative est née d’une bataille de longue haleine, pour laquelle des générations ont sacrifié leur vie. Le Conseil national de la Résistance iranienne, fondé à Téhéran il y a quatre décennies, représente diverses convictions politiques.

Le programme de la Résistance iranienne est basé sur une république, la séparation de la religion et de l’État, des libertés individuelles et sociales complètes, l’égalité des sexes, l’autonomie des minorités ethniques, l’abolition de la peine de mort, un système judiciaire indépendant, la dissolution du corps des pasdarans, un Iran non nucléaire, une coexistence et une coopération internationales et régionales. Au centre de cette alternative se trouve l’OMPI, qui croit en un islam démocratique et prône la séparation de la religion et de l’État. Cette résistance représente donc l’antithèse de la dictature religieuse.

Les perspectives

Depuis 2017, chaque soulèvement que le régime a réprimé s’est approfondi et développé tout en l’affaiblissant davantage. Les événements engendrés par la révolte de l’automne 2022, montrent que malgré toute la répression, la situation reste explosive. La population n’est plus disposée à tolérer les conditions actuelles et la situation ne reviendra pas à celle d’avant septembre. En raison du mécontentement social et des activités des unités de résistance des soulèvements plus grands s’annoncent en perspective.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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