27 Avr 2011

Discours à la conférence internationale de Paris

Catégories // Activités // Discours et événements

Discours à la conférence internationale de Paris

Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Je suis ravie de vous voir. Cette conférence en présence de hauts dignitaires de divers pays, nous donne l’occasion précieuse d’examiner la situation cruciale actuelle en Iran et dans toute la région, une situation qui aujourd’hui, avec la crise d’Achraf, prend une tournure aiguë.

Le sujet que je vais aborder aujourd’hui porte sur la tuerie perpétrée le 8 avril à Achraf par le gouvernement de Nouri Maliki, qui est à l’avant-scène de la grande confrontation entre le peuple iranien et le fascisme religieux au pouvoir.

Mais en premier lieu, il est nécessaire d’attirer l’attention sur la situation urgente à Achraf. Cette conférence se tient alors qu’un danger imminent menace le camp :
– Un grand nombre de blindés et de véhicules militaires ont placé dans leur champ de tir des zones résidentielles.
– Les bataillons du génie ont dressé une multitude d’obstacles militaires et élevé d’immenses remblais.
Tout indique qu’une autre attaque, planifiée par le régime iranien, est en préparation.

Dans les jours qui ont précédé l’assaut du 8 avril, nous avons à maintes reprises averti d’une tragédie en devenir à Achraf. Malheureusement, le gouvernement américain et l’ONU n’y ont pas prêté attention. Je les appelle à présent à ne pas fermer les yeux sur un processus qui se dirige nettement vers une autre catastrophe. Selon le principe de la Responsabilité de Protéger (R2P), le gouvernement américain, les Etats membres de l’Union européenne et les autres gouvernements ont pour responsabilité d’empêcher les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Il faut arrêter d’observer et de fuir ses responsabilités ! Le monde doit stopper la machine à tuer qui s’est mise en marche.

Mesdames et Messieurs,

Ce qui s’est passé à Achraf est, pour diverses raisons, un crime contre l’humanité. Un document ultra confidentiel révélé par la Résistance iranienne montre que l’assaut contre Achraf était un plan militaire avec l’ordre d’attaquer une population bénéficiant du statut de personnes protégées et désignée comme «ennemi». C’est là-dessus que des unités de blindés ont massacré des personnes sans armes et sans défense. A ce titre, Maliki doit être traduit devant un tribunal international pour en avoir donné directement l’ordre.

Concernant les événements d’Achraf, la question est de savoir dans quel étau se trouvent les mollahs pour avoir rendu cette attaque inévitable ? La dictature de Khamenei est confrontée à un mécontentement social incontrôlable. La brèche au sommet du régime se traduit à présent par des tensions entre Khamenei et Ahmadinejad. Qui plus est, la théocratie redoute profondément l’issue des soulèvements dans la région.

Les mollahs ont saisi l’étendue de l’influence de l’OMPI, en faisant le bilan des manifestations du 14 février dernier. C’est après coup, que Khamenei a mis à l’ordre du jour du régime l’attaque contre Achraf pour l’anéantir. D’autre part, le développement du front contre l’étiquette de terroriste collée à l’OMPI aux Etats-Unis, met en danger l’investissement de 15 années du régime sur la liste noire.

Cette situation le place à la croisée des chemins :
– soit se taire en acceptant l’avancée de la résistance et l’effondrement du front intérieur du régime
– soit attaquer Achraf, le foyer de cette résistance, pour l’anéantir.
Avec cet assaut et des campagnes politiques, militaires ou terroristes similaires, la dictature religieuse veut supprimer la seule véritable solution efficace et démocratique pour l’avenir de l’Iran afin de garantir sa survie. Quand l’attaque a été lancée, pour dissimuler sa subordination, le gouvernement irakien a dit qu’il s’agissait d’exercer la souveraineté nationale irakienne. Mais les plus hautes autorités du régime iranien ont ouvertement salué et pris la défense de ce massacre. Ils ont clairement demandé la poursuite de l’attaque jusqu’à l’anéantissement d’Achraf. Ils voulaient de cette manière briser le moral du peuple iranien et étouffer dans l’œuf le prochain soulèvement. Mais c’est tout le contraire qui s’est passé. Divers rapports indiquent que dans la société iranienne, notamment dans les prisons politiques, la résistance héroïque des Achrafiens a renforcé l’esprit de résistance et de protestation.

Chers Amis,

Ces trente dernières années, le régime du guide suprême a créé de multiples situations de crise et de destruction pour notre résistance. Il a jeté dans la bataille toutes ses forces militaires, politiques, diplomatiques et terroristes pour l’anéantir. Et ce dans des circonstances où les mollahs étaient bien plus forts qu’aujourd’hui et où ils n’étaient pas aux prises avec le soulèvement dans le pays et un isolement international. Malgré tout, la Résistance du peuple iranien a su affronter les vents mauvais, traverser des tempêtes effroyables et rester ferme. Pourquoi ? Parce qu’elle s’appuie sur un idéal légitime. Parce qu’elle bénéficie du soutien sans faille du peuple iranien. Parce qu’elle est composée d’hommes et de femmes dévoués comme les Achrafiens qui sous les pressions les plus dures et les plus mortelles n’ont jamais capitulé.

A l’époque où Khomeiny avait lancé l’ordre de massacrer des milliers des nôtres qui étaient prisonniers politiques, son successeur s’y était opposé en disant : « On ne peut détruire les Moudjahidine. Il s’agit d’un courant idéologique, d’un courant d’idée qu’on ne peut éliminer en les tuant, au contraire cela leur permet de se développer. » Certes affirmer cette vérité a coûté au successeur de Khomeiny d’être destitué et assigné à domicile jusqu’à la fin de ses jours.

Oui, notre résistance s’est développée et s’est multipliée. Aujourd’hui, Achraf est l’incarnation de cette ténacité et de ce refus de capituler. Certes, Achraf a fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et a proposé de très nombreuses options pour lesquelles il se tient prêt. Mais ce qu’il n’accepte pas et ce que le peuple iranien n’accepte pas, c’est la capitulation. La reddition n’est pas une option et nous n’abandonnerons jamais l’objectif de la liberté de notre peuple.

A Khamenei, à Maliki et à ceux qui complotent pour détruire Achraf, nous disons : tirez une leçon des trente années de persévérance de ce mouvement qui a tenu bon. A la fin, c’est Achraf et la Résistance du peuple iranien qui tiendront jusqu’au bout et remportera la victoire. Et c’est vous qui serez humiliés et vaincus.

Discours à la conférence internationale de Paris

Chers Amis,

Ce qui s’est passé à Achraf est douloureux en raison de la mort de 35 héros du peuple iranien. Mais cela reflète aussi totalement la faiblesse du régime et l’impasse dans laquelle il se trouve. Achraf aujourd’hui constitue une épreuve pour le monde. Une épreuve pour toutes les consciences. Une épreuve pour les Nations Unies. Pour tous les gouvernements, en particulier pour les Etats-Unis et l’Union européenne. Une épreuve qui les appelle à se lever pour porter secours à Achraf et s’opposer au plan de Khamenei et de Maliki pour l’anéantir. Une épreuve qui les appelle, dans la confrontation entre le peuple iranien et le fascisme religieux, à venir en aide au peuple d’Iran. Oui, c’est le choix qui se pose à vous.

Etes-vous du côté de l’intégrisme et du terrorisme au pouvoir ou du côté du peuple iranien et d’une alternative démocratique qui possède la clé de la liberté et de la démocratie, de la paix et de la stabilité ?

La réponse à cette question vaut aussi pour l’étiquette terroriste collée à l’OMPI par le département d’Etat américain. Durant de longues années nous avons dit que cette liste servait à justifier l’exécution des opposants et certains préféraient ne pas y croire ou l’ignorer. A présent, après le massacre des Achrafiens, on voit clairement à quoi sert cette inscription. D’autant plus que le principal prétexte que Maliki avance pour cette tuerie est l’inscription sur la liste noire.

Comme cela a été révélé auparavant, Maliki avait demandé aux autorités de l’ambassade américaine qui protestaient contre le blocus et la répression d’Achraf, pourquoi elles protestaient alors que les Etats-Unis avaient placé ce groupe sur la liste du terrorisme. Dernièrement, M. Sherman, membre éminent de la sous-commission sur le terrorisme de la Chambre des Représentants américaine, a révélé dans une audition parlementaire qu’en privé à Washington les autorités irakiennes avaient dit : « puisque l’OMPI est inscrite au nombre des organisations terroristes, l’Irak ne se sent pas engagé à respecter les droits de l’homme des habitants d’Achraf.» Maintenant cette inscription trempée dans le sang est sur la table des décisions du département d’Etat américain. Et à nouveau vous vous retrouvez devant ce choix : Maintenir cette étiquette et alimenter le fascisme religieux au pouvoir en Iran ou se mettre su côté du peuple iranien.

Le Pr. Kazem Radjavi, ce grand martyr des droits de l’homme, a été assassiné il y a 21 ans, vers cette date, par des terroristes envoyés à Genève par Khamenei. Peu avant sa mort, il avait dit au New York Times : « Nous écrivons l’histoire des droits de l’homme avec notre sang ». Aujourd’hui nous aussi nous disons que la liberté en Iran sera instaurée grâce au sang versé des enfants courageux de notre patrie.

Chers Amis,

Le sort de ce régime se joue à Achraf, c’est pourquoi il n’abandonnera jamais ni les complots, ni les massacre. Aujourd’hui les forces assaillantes sont toujours armées et déployées en formation de guerre à l’intérieur du camp. Les blessés sont toujours dans une situation dramatique et douze sont dans un état grave. L’un d’entre eux, Bahman Atighi est décédé la semaine dernière et le reste des blessés n’ont pas d’accès libre aux hôpitaux ni aux médecins.

Quand les Achrafiens ont protesté auprès des officiers irakiens contre le retard mis pour évacuer les blessés vers les hôpitaux, ils leur ont répliqué avec arrogance que c’était pour les achever. Reza Haft-Baradaran, dont la fille Saba a été blessée par balle le 8 avril avant de décéder peu après, écrit : « Quand ma fille était sur le point de mourir, les responsables de la sécurité irakienne m’ont dit que si je me rendais et si je déclarais mon opposition à l’OMPI, alors ils amèneraient ma fille aux urgences et la sauveraient. »

Par ailleurs, le cimetière de la Perle est toujours occupé et cela fait 20 jours que les dépouilles des martyrs ne peuvent être inhumées.

Il y a trois jours, une pétition signée par l’ensemble des Achrafiens a été envoyée au Secrétaire général de l’ONU. Les Achrafiens y présentent un document sur un programme du gouvernement irakien projetant un nouveau bain de sang et demandent au Secrétaire général d’intervenir pour que l’ONU se charge et garantisse la protection d’Achraf. Ils demandent également l’installation permanente d’une équipe d’observateurs de la MANUI à l’intérieur d’Achraf et la nomination d’un représentant par le Conseil de sécurité pour mener une enquête sur le massacre du 8 avril.

Les informations recueillies à Bagdad et à Téhéran et le cours des événements à Achraf, indiquent toutes qu’une nouvelle attaque est en préparation. Le ministre des Affaires étrangères des mollahs doit se rendre très prochainement à cet effet à Bagdad et le président irakien à Téhéran.

C’est pourquoi j’ai demandé au Secrétaire général et au Conseil de sécurité de l’ONU que M. Ad Melkert, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, se rende de toute urgence à Achraf pour constater la situation de près et faire un rapport. Tout comme le Conseil de Sécurité de l’ONU a fait son devoir dans la protection des civils innocents en Libye, à présent le Secrétaire général et le Conseil de Sécurité doivent adopter une résolution sur la protection des civils sans défense et assiégés d’Achraf.

Je dois insister sur le fait que l’Union européenne et la France ont un devoir de la plus haute importance vis-à-vis d’Achraf, tant sur le plan de leur engagement vis-à-vis des traités internationaux et le principe de la Responsabilité de Protéger (R2P), tant en raison de la place que tient l’Union européenne au Conseil de Sécurité de l’ONU, et tant en raison de leur présence et de leurs vastes intérêts dans la région, des obligations que jusqu’à présent elles n’ont pas respectées.

Par conséquent, au nom du peuple et de la Résistance iranienne, j’appelle l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne à prendre les mesures suivantes conformément à leurs responsabilités :

1- La prise en charge par l’ONU et les Etats-Unis de la protection d’Achraf et le retrait des forces armées irakiennes du camp. J’insiste pour cela sur l’intervention du Secrétaire général et du Conseil de sécurité pour l’adoption d’une résolution sur la protection des habitants sans défense et assiégés d’Achraf.
2- La nomination par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un représentant pour mener une enquête impartiale, complète, transparente et indépendante sur le crime à grande échelle du 8 avril.
3- Lever le siège d’Achraf, en particulier le blocus inhumain médical et arrêter la torture psychologique des Moudjahidine d’Achraf, ainsi que le retrait de tous les haut-parleurs autour d’Achraf.
4- Retirer l’étiquette terroriste collée à l’OMPI par le département d’Etat américain et reconnaître la Résistance du peuple iranien pour un changement de régime.

Mesdames et messieurs,

Le 8 avril, face à l’attaque des blindés et des soldats armés jusqu’aux dents, les Achrafiens ont résisté à mains nues. Mais en réalité, ils avaient les mains pleines, parce qu’ils brandissaient le drapeau de la liberté et de la démocratie de l’Iran. Cette résistance aussi forte qu’un roc, ce sens admirable du sacrifice, ce moral invincible, constitue le trésor du peuple iranien pour la victoire et la liberté.

Comme l’a dit le dirigeant de la Résistance iranienne, Massoud Radjavi : « Achraf a prouvé que, même dans les circonstances cent fois plus dangereuses et troublées, il tient bon jusqu’au bout, jusqu’au dernier souffle (…) Oui, après 45 ans de bataille des Moudjahidine, on peut dire sans le moindre doute qu’il s’agit du fruit le plus précieux de la lutte du peuple iranien depuis la révolution constitutionnelle [de 1906.] C’est pourquoi on peut être certain de la victoire du peuple héroïque d’Iran ».

Nous luttons pour une république et une démocratie pluraliste, fondée sur le principe de la séparation de la religion et de l’Etat. Une société reposant sur l’égalité des femmes et des hommes, respectueuse des droits de l’homme, où la peine de mort sera abrogée. Nous luttons pour un Iran non atomique, qui vivra en paix avec tous les pays. Pour atteindre cet objectif, nous appelons tous les défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie à nous venir en aide.

Je vous remercie

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

En savoir plus

Suivez-nous