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11 Jan 2018

Ces manifestations en Iran sont différentes de celles de 2009- Par Maryam Radjavi- Le 8 janvier 2018

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Ces manifestations en Iran sont différentes de celles de 2009- Par Maryam Radjavi- Le 8 janvier 2018

A l’époque, la cause était un clivage au sein du pouvoir. Aujourd’hui, le peuple exige la fin du régime.

Les protestations en Iran envoient un message concluant : le régime clérical est sur un terrain instable et le peuple iranien est déterminé dans sa quête pour le faire tomber. Les slogans contre le velayat-e faqih, ou pouvoir religieux absolu, appelaient à une véritable république et visaient explicitement le Guide suprême du régime Ali Khamenei et le Président Hassan Rohani. Cela dissipe le mythe, encore entretenu par certains gouvernements, comme quoi les Iraniens font une distinction entre les modérés et les radicaux à Téhéran. Cela écarte également les arguments erronés dépeignant un régime stable.
Des millions d’Iraniens vivent dans la pauvreté. Pourtant, Téhéran a dépensé plus de 100 milliards de dollars pour les massacres en Syrie, selon les informations obtenues par le Conseil national de la Résistance iranienne. Les cris de « A bas le Hezbollah ! » et « Laissez tomber la Syrie, pensez plutôt à nos problèmes ! » démontrent clairement l’opposition de la population aux visées belligérantes du régime dans la région.
Le budget officiel du pays consacre cette année plus de 26,8 milliards de dollars aux affaires militaires et de sécurité ainsi qu’à l’exportation du terrorisme. Cette somme s’ajoute aux 27,5 milliards de dollars de dépenses militaires des institutions contrôlées par Khamenei et le corps des gardiens de la révolution. Le budget des soins de santé est à peine de 16,3 milliards de dollars. Faible et vulnérable, le régime consacre des sommes astronomiques aux interventions régionales dans le cadre de sa stratégie de survie.
Les sceptiques pourraient faire remarquer que l’Iran a déjà fait face à des protestations par le passé. Qu’est-ce qui différencie le soulèvement actuel des manifestations de 2009 ?
Les manifestations de 2009 avaient été déclenchées par des dissensions au sommet du régime. Les manifestations actuelles – qui ont commencé à Machad, la deuxième ville d’Iran et se sont rapidement propagées dans tout le pays – étaient motivées par la hausse des prix, la faillite économique, la corruption généralisée et le ressentiment à l’égard du régime. Cette mauvaise gestion économique systémique a ses racines dans le système politique et s’aggrave de jour en jour. C’est pourquoi l’exigence d’un changement de régime est pratiquement apparue immédiatement. Il semble que ce soit le seul résultat envisageable.
Autre différence majeure : l’insurrection de 2009 avait été initialement conduite par la classe moyenne supérieure, avec des étudiants en son cœur et Téhéran comme centre. Les récentes manifestations ont touché un éventail beaucoup plus large de la population – la classe moyenne, les défavorisés, les travailleurs, les étudiants, les femmes et les jeunes. Presque toute la société a été représentée sur la ligne de protestation.
Le soulèvement actuel n’est pas non plus lié aux factions ou aux groupements internes du régime. Il n’existe aucune illusion sur une réforme ou un changement progressif de l’intérieur. L’un des slogans populaires de Téhéran est « radicaux, réformateurs, la partie est terminée ». C’est encore un autre signe d’un renversement certain. Comme on dit en Iran : « peut-être tôt ou tard, mais ce sera certain. »
Le dernier facteur marquant la différence est le rythme des événements. En moins de 24 heures, les slogans des manifestants sont passés des maux économiques au rejet de tout le régime. L’establishment a été pris au dépourvu et s’efforce de trouver une solution unifiée. Le corps des gardiens de la révolution a déclaré sa victoire sur les manifestations de dimanche, mais cela reflète ses espoirs plus que la réalité sur le terrain.
Le régime a lancé de fortes mises en garde contre l’adhésion au principal groupe d’opposition, les Moudjahidine du peuple (OMPI). Les autorités de rang inférieur et les hauts responsables, rejoints par les imams de la prière du vendredi de tout le pays, qui suivent la ligne du régime, blâment les uns après les autres l’OMPI pour les manifestations. Le torrent de déclarations des responsables du régime reflète leur panique face à l’expansion du soulèvement national et la popularité croissante de l’OMPI et du Conseil national de la Résistance iranienne.
La dictature religieuse a eu recours à une répression massive face aux manifestants. Les gardiens de la révolution ont fait au moins 50 morts et des centaines de blessés. A la fin du neuvième jour de protestation, au moins 3 000 personnes avaient été arrêtées, selon nos sources dans le pays. De nombreuses informations indiquent que les forces de sécurité frappent littéralement aux portes des gens pour les menacer de ne pas assister aux manifestations. Le filet de la répression a été lancé aussi large que possible.
A la lumière de cette répression brutale, la communauté internationale ne doit pas rester silencieuse. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit adopter des mesures punitives contre les crimes du régime. Cela a longtemps été la demande du peuple iranien et de l’opposition. Nous ne devons pas oublier que les auteurs de l’horrible massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 sont toujours au pouvoir aujourd’hui, occupant des postes de haut niveau dans l’exécutif et le judiciaire tout en assassinant des manifestants dans la rue.
La dernière différence entre les protestations de 2009 et le récent soulèvement sera peut-être que ce dernier réussira à renverser la théocratie rejetée en Iran. Le peuple iranien l’espère ardemment.

Paru le 9 janvier dans l’édition papier.

 

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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