24 Déc 2010

Discours dans la conférence internationale à Paris

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Discours dans la conférence internationale à Paris

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Cette réunion nous permet de parler de la politique correcte à adopter vis-à-vis de la principale crise dans le monde. Trouver une politique correcte vis-à-vis du problème iranien est depuis toujours le sujet d’une polémique autant théorique que politique. Pendant longtemps, les partisans de la politique de complaisance ont propagé une vision de stabilité et de puissance du régime, tout en ignorant la résistance du peuple iranien. Mais le soulèvement populaire de 2009 a totalement transformé la situation, en prouvant que le régime est entré dans sa phase terminale.

Ce soulèvement a révélé la réalité dans l’Iran d’aujourd’hui qui se résume en ces termes :
1- la fragilité profonde du régime divisé par des crises.
2- l’absence de base sociale des mollahs
3- L’entrée en scène de la jeunesse courageuse qui aspire à la liberté et la démocratie
4- La reprise massive par la société iranienne des slogans de la Résistance organisée et de sa demande principale qui est un changement de régime dans sa totalité.

Ces derniers mois, malgré la répression féroce, les mollahs n’ont pu éliminer le potentiel de la révolte ni contenir les dissensions internes. Les protestations à l’échelle nationale des étudiants le 7 décembre, et le limogeage brutal du ministre des Affaires étrangères et du vice-président ont fait réapparaître ces réalités.

A présent, il faut se poser la question : Que faire avec ce régime en phase terminale ?
– La première option, serait de négocier à coups de concessions dans l’espoir de l’empêcher de fabriquer la bombe atomique.
– La deuxième option, c’est faire preuve d’une véritable fermeté, tout en soutenant la Résistance du peuple iranien pour un changement de régime.

Ces deux dernières années, la politique de complaisance américaine s’est malheureusement inscrite dans la première option. Elle a porté de graves préjudices au mouvement du peuple iranien, en aidant dans la pratique le régime à survivre.

Comme l’a souvent dit le dirigeant de la Résistance iranienne Massoud Radjavi : « si seulement les négociations et les tractations avec ce régime servaient à quelque chose ! Mais renoncer à l’exportation de l’intégrisme et renoncer à la bombe atomique, conduira immédiatement à l’intérieur de l’Iran à un allègement de la répression, à briser la chape de plomb et à faire descendre le peuple dans la rue. Alors le régime s’effondrera. Mais le régime fasciste du guide suprême ne veut pas, selon ses propres termes, se suicider par peur de mourir, en reculant et en changeant de comportement. »

Je voudrais à présent passer en revue les dommages causés par la politique de complaisance :

D’abord sur le plan de la révolte. Vous avez sans doute entendu que dans les rues de Téhéran, les manifestants criaient, « Obama, soit avec eux (les mollahs), soit avec nous ». Les soulèvements ont offert une grande opportunité que les Etats-Unis n’ont pas saisie. A tel point qu’au beau milieu des émeutes, ils se sont directement assis à la table des négociations avec les représentants d’Ahmadinejad, en octobre 2009.

Le deuxième sujet concerne le programme nucléaire. Dans ses déclarations officielles, la politique de complaisance de M. Obama est opposée à la bombe atomique aux mains des mollahs intégristes. Mais dans la pratique, les négociations vaines offrent au régime cette opportunité d’acquérir la bombe. De telle sorte que les mollahs, en toute sécurité, en plus des 3200 kilos d’uranium faiblement enrichi, ont aussi commencé la production d’uranium à 20 pour cent. Beaucoup conviennent aujourd’hui que les négociations de l’an passé ont constitué un pas en arrière et celles de cette année deux pas en arrière. Il faudrait donc rappeler ici les propos célèbres de Winston Churchill à Chamberlain : « vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre »

Le troisième sujet concerne l’Irak. Après la guerre, les Etats-Unis ont, dans la pratique, mis au pouvoir en Irak les partis inféodés aux mollahs.

A cette époque, la Résistance iranienne avait révélé plus de 4000 documents de renseignements sensibles sur les agissements des mollahs en Irak. A titre d’exemple, on peut citer la liste des 32.000 personnes en Irak qui recevaient un salaire du régime de Téhéran. De cette manière ils ont progressivement opéré une occupation occulte de l’Irak. Malheureusement, à cette époque, ces avertissements et ces renseignements se sont heurtés à un mur. Or, au même moment, il est apparu clairement que c’étaient les bombes des mollahs qui causaient le plus de morts en Irak.

Le nouveau gouvernement américain a choisi comme politique le retrait de ses troupes. Mais il ne faut pas que cela ouvre la voie à la domination des mollahs sur l’Irak. Si cette politique ne connait pas de changement profond, cela signifie que l’Irak sera offert aux mollahs sur un plateau d’argent. C’est un test majeur pour les Etats-Unis.

Enfin, le quatrième point que je veux aborder, concerne la résistance organisée du peuple iranien. Pour complaire aux mollahs, les Etats-Unsi ont bloqué la Résistance iranienne et par conséquent fermé la voie au changement. Mais la juste solution au problème de l’Iran est un changement de régime. Un changement démocratique organisé par le peuple iranien et sa résistance. C’est le facteur déterminant de l’équation iranienne. Ainsi donc, toute politique qui lui barre la route, ignore le principal levier du changement en Iran et le principal point faible du régime. C’est la faute majeure de la politique de complaisance. Et on peut voir clairement cette erreur dans les événements qui touchent Achraf.

Les Etats-Unis savaient que le gouvernement de Maliki est lié aux mollahs et qu’il mène sa politique par le crime et la terreur. Néanmoins, ils ont transmis la sécurité d’Achraf à l’Irak. Comme les juristes l’ont démontré, ce transfert constitue une violation des lois internationales.

Je ne souhaite pas aborder ici la question d’Achraf d’un point de vue juridique. Mon intervention porte sur les préjudices que la politique de complaisance cause à la source d’espoir du peuple iranien. Quand les mollahs ont voulu contenir le soulèvement populaire, ils ont d’abord fait lancer une attaque contre Achraf. Ils avaient bien compris le lien entre la résistance et la révolte en Iran. Personne autant que les Etats-Unis n’a pu constater les pressions des mollahs pour éliminer Achraf. Notamment, lors de trois séries de négociations officielles du Département d’Etat avec le régime à Bagdad. Maintenant, ce régime en est arrivé à mener une guerre psychologique féroce avec 140 haut-parleurs puissants installés autour d’Achraf et il fait priver les malades du droit d’accéder librement aux soins médicaux.

Mais pourquoi les mollahs ont-ils donc peur d’un groupe encerclé et désarmé à 70 km de la frontière iranienne ? Parce qu’ils savent que c’est la clé du changement. Parce qu’ils savent qu’Achraf, avec ses milles femmes d’avant-garde, inspire les Iraniennes pour conquérir leur liberté et leur égalité.

C’est ainsi que nous arrivons à la plus grande erreur de la politique de complaisance, qui est d’avoir inscrit l’OMPI sur la liste terroriste du Département d’Etat. Il n’est pas nécessaire aujourd’hui de débattre de la nature de cette accusation. Le cœur de notre discussion concerne l’impact déterminant de cette classification, parce qu’il met en panne le moteur du changement en Iran. Quand vous bloquez le dynamisme du changement en Iran, que pouvez-vous attendre des sanctions ? Quand vous posez de nombreux obstacles à la Résistance, quel obstacle peut encore arrêter ce régime ?

Pour comprendre l’importance de ce point, je dois m’arrêter un instant sur le rôle de l’OMPI comme antithèse du régime intégriste. Khomeiny et ses successeurs ont instauré leur dictature au nom de l’islam. Certes, un islam qui se résume à trancher les mains et les pieds, à lapider, à opprimer les femmes, à mentir et tromper et à exporter le terrorisme.

A l’opposé, l’OMPI prône une conception tolérante et démocratique de l’islam. Face au fascisme religieux sous couvert de l’islam, la véritable solution est un islam tolérant et démocratique. Cette caractéristique culturelle de l’OMPI et ses racines profondes dans la société iranienne, font d’elle une antithèse efficace aux mollahs. Non seulement elle est le facteur de l’échec de l’intégrisme en Iran, mais elle constitue ausis un obstacle de taille à l’avancée de l’intégrisme, c’est-à-dire des mollahs, dans la région. Mais lorsque l’OMPI est inscrite sur la liste du terrorisme, on réprime le seul mouvement musulman organisé capable de faire barrage à l’avancée de l’intégrisme islamiste.

C’est sous cette optique que l’on peut comprendre le rôle incomparable d’Achraf. Tout comme des millions d’Irakiens l’ont dit dans leur déclaration, l’OMPI, avec ses caractéristiques anti-intégristes, incarne l’alternative et le contre-poids au régime iranien, et se tient aux côtés du peuple irakien.

En un mot, au cours de ces trois dernières decennies, les Etats-Unis se sont placés du mauvais côté ne cessant jamais de porter secours au régime des mollahs. Pour arriver à une entente avec des modérés introuvables au sein de ce régime, ils ont fait de multiples concessions aux mollahs, ils ont taxé de terroriste un mouvement qui constitue la force du changement en Iran, ils ont ouvert les portes de l’Irak à un régime qui porte toute sa convoitise sur ce pays, ils ont exposé Achraf, le symbole des Iraniens épris de liberté et le barrage à l’integrisme islamiste, aux attaques et aux complots, et ils ont rapproché les mollahs de la bombe atomique avec leurs négociations et leur complaisance.

En évoquant ces terribles erreurs, mon objectif est de mettre fin à la souffrance de mon peuple. En combattant cette inscription discréditée, mon objectif est de défendre Achraf et la liberté des Iraniens.

Ce que Tomas Jefferson avait dit un jour : « il se propagera plus vite dans une partie du monde et moins vite dans une autre », doit maintenant se propager à l’Iran où le peuple a soif de liberté et de démocratie.

Permettez-moi de terminer en soulignant quelques points :

Premièrement, les sanctions sont doivent toucher les achats de pétrole, c’est indispensable. Mais elles ne seront efficaces que lorsqu’elles seront accompagnées du levier de la Résistance du peuple iranien. Il est aussi nécessaire de renvoyer le dossier des droits de l’homme, et en particulier du massacre de 30.000 prisonniers politiques par ce régime, devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Deuxièmement, la solution au problème iranien, c’est un changement démocratique par le peuple et sa résistance. Par conséquent, il est nécessaire que les Etats-Unis enlèvent l’obstacle posé sur la voie du changement, en radiant l’OMPI de la liste noire.

Troisièmement, le principal aspect de la politique de complaisance ces deux dernières années reste la violation par les Etats-Unis de leur engagement dans la protection d’Achraf. Les forces américaines doivent reprendre la protection des résidents d’Achraf et l’ONU doit installer une équipe d’observateurs permanents dans le camp.

Quatrièmement, en tant que résistance incarnant l’antithèse de l’intégrisme islamiste, j’annonce que nous voulons une république fondée sur la séparation de la religion et de l’Etat, un système pluraliste basé sur l’égalité des femmes et des hommes, la participation active et égale des femmes au leadership politique, économique et social de la société, un système respectueux des droits de l’homme, débarrassé des chatiments médiévaux et de la charia des mollahs. Nous voulons un Iran non nucléaire qui établira des relations amicales avec tous les pays du monde. Une perspective où la paix et la sécurité monidales seront garanties et qui protégera le monde de terribles dangers et sans doute d’une troisième guerre mondiale.

Chers Amis,

A la veille de Noël, la naissance de Jésus, le fils de Marie – le prophète qui a dit : je suis venu pour libérer les opprimés – j’adresse mes meilleurs vœux aux chrétiens et je les appelle tous à venir en aide au peuple iranien et à Achraf.

Je vous remercie.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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