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04 Déc 2013

Discours au parlement européan – l’accord de Genève et le massacre à Achraf

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Discours au parlement européan – l’accord de Genève et le massacre à Achraf

Je suis heureuse de me trouver parmi vous. Je vous remercie pour l’attention que vous portez à la question de la liberté et de la Résistance iranienne et le sens de responsabilité que vous montrez à cet égard.
Je voudrais profiter de ma présence pour parler de deux événements importants. Tout d’abord l’accord de Genève du 24 novembre entre les 5+1 et le régime iranien. Ensuite les exécutions collectives du 1er septembre à Achraf. Deux événements qui ont un rapport et qui prennent racine dans les crises incurables de ce régime.

La dictature religieuse, à la conférence de Genève, a été forcée de reculer d’un pas dans le domaine nucléaire. Deux facteurs ont rapproché le régime des mollahs de la bombe atomique. D’un côté leur besoin urgent de la bombe atomique comme garantie stratégique de leur survie et d’autre part la complaisance des gouvernements occidentaux, en particulier après la révélation des principaux sites atomiques de Natanz et d’Arak par la Résistance iranienne en 2002.

Regardons à présent pourquoi le régime a été contraint d’accepter cet accord, s’il le respectera et s’il est appliqué, quelles en seront les conséquences ?

En réalité, si cet accord a été accepté, c’est parce qu’il est le résultat direct des sanctions internationales, en particulier à un moment où le régime redoute la reprise de la révolte populaire comme en 2009. Le monde entier a vu les manifestations et le soulèvement de millions de gens excédés contre la dictature. Ces révoltes, même si elles ont été réprimées par le régime iranien, n’ont pas disparu, et sont restées enfouies comme la braise sous la cendre, et s’enflamment chaque jour dans tous les coins du pays.

Autrement, le régime du guide suprême n’aurait pas autant besoin de pendaisons publiques au bout de grues, et dans le monde d’aujourd’hui il ne serait pas en tête des pays qui pratiquent la peine de mort. Il n’aurait pas besoin d’emprisonner 3000 personnes au camp Liberty en Irak, et il n’aurait pas besoin de prendre des otages ni de mener des exécutions collectives de ces réfugiés sans défense.

Par conséquent la crainte de Khamenei et ce qui l’a poussé à accepter cet accord, en un mot, c’est la peur d’un changement de régime et de son renversement.

Nous nous félicitons de ce degré de recul imposé au régime après dix ans de négociations stériles. Mais ce n’est pas suffisant. Pour interdire au fascisme religieux de se doter de la bombe et pour éviter la guerre qui s’ensuivra, nous disons que les 5+1 auraient pu et doivent mettre totalement fin au projet de fabrication de la bombe des mollahs.

Il y a un dynamisme avant même l’arrivée du mollah Rohani à la présidence, qui a poussé le régime à tendre la main vers les Etats-Unis et à discuter avec eux en secret pour ouvrir une voie ayant abouti à cet accord. Nous disons que ce même dynamisme aurait pu avoir des résultats bien plus importants et barrer à jamais à ce régime l’accès à la bombe atomique.

C’était non seulement dans l’intérêt du peuple iranien, mais aussi dans celui des peuples syrien, irakien, libanais et de toute la région. C’était contre le terrorisme et l’intégrisme.

Mais l’accord actuel permet au régime iranien de poursuivre ses tromperies et ses activités clandestines, de poursuivre l’enrichissement à 5%, de maintenir le site de Fordou et celui d’Arak, de ne pas appliquer en urgence le protocole additionnel et les inspections inopinées et même de ne pas accepter les inspections au site connu de Parchine.

Aujourd’hui, nul n’ignore plus que ce régime n’a jamais révélé de lui-même aucun de ses sites ou projets nucléaires à l’Agence internationale de l’énergie atomique, et que ces trente dernières années, c’est la Résistance iranienne qui, à travers une vaste campagne et ses révélations contre le programme nucléaire des mollahs, en particulier en dévoilant les sites secrets de Natanz et d’Arak en 2002, a fait connaitre au monde le danger de voir le fascisme religieux en Iran s’armer de la bombe atomique.

C’est pourquoi nous avons lancé une mise en garde que je répète : sans l’application complète des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, et en particulier l’acceptation et l’application sans conditions du protocole additionnel et de ses inspections, le danger de voir ce régime se doter de la l’arme nucléaire existera.

Est-ce que l’adhésion à cet accord signifie que les mollahs ont abandonné la bombe ? Non ! Ce à quoi ils se sont engagés dans cet accord, est réversible et ils gardent la clé de la fabrication de la bombe.

A peine une semaine après la signature de l’accord, l’adjoint du ministre des Affaires étrangères du régime qui est aussi un haut membre de l’équipe de négociateurs, a déclaré : « on ne peut considérer le texte de l’accord entre l’Iran et les 5+1 comme un accord légal impliquant un engagement contraignant. C’est plutôt une déclaration politique. »

La ligne rouge que Khamenei a tracée le 20 novembre devant des dizaines de milliers de pasdarans et de miliciens du Bassidj pour les négociations de Genève montre clairement qu’il considère cela comme un jeu tactique. Cela n’a rien changé dans la nature ni la stratégie des mollahs. Il a déclaré : « Tout mouvement, que ce soit en avant ou en arrière, comme sur un terrain de manœuvre militaire, doit chercher à atteindre le but déterminé à l’avance. »

S’exprimant de manière beaucoup plus claire que Khamenei, Rafsandjani a dit qu’avant cet accord, ils se trouvaient en situation d’hostilités et dans des conditions similaires aux dernières semaines de la guerre Iran-Irak où Khomeiny avait dû avaler la coupe de poison du cessez-le-feu.

Or ce qui leur a permis d’avaler la coupe de poison à la fin de la guerre inutile de huit ans contre l’Irak en 1988, c’est le massacre des prisonniers de l’Ompi et combattants sur une fatwa de Khomeiny, pour maitriser la situation. Cette fois, le 1er septembre, la Résistance iranienne a payé à l’avance à Achraf un tribut aussi lourd que sanglant.

J’ai dit que ce qui avait poussé Khamenei à accepter cet accord, était en un mot le danger d’un changement de régime et de son renversement. La Résistance iranienne et l’Ompi sont exactement cette force et ce pôle capable d’orienter la situation explosive à l’intérieur de l’Iran dans le sens d’un changement fondamental, d’un changement de régime.

Mais si cet accord est un prélude à l’application complète des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, il peut alors être le début d’un processus de perturbation de l’équilibre interne et externe du régime.

Le peuple iranien exerce de fortes pressions pour mettre fin à la folie du programme nucléaire des mollahs. Seule la destruction totale du programme nucléaire du régime est acceptable.

La dictature religieuse se trouve dans une situation de grande faiblesse. L’Occident ne doit pas, en raison de ses concessions, créer des obstacles au processus de changement de régime par le peuple iranien. Le changement de régime est une garantie de paix et de stabilité pour la région.

Chers Amis,

Le problème du peuple iranien avec la dictature des mollahs ne s’arrête pas au programme nucléaire qui est opposé aux intérêts des Iraniens. Un programme qui a causé une misère généralisée et la ruine de l’économie du pays. Le problème essentiel, c’est le vol par les mollahs de la souveraineté populaire, de la liberté et du vote du peuple iranien, ce qui a été jusqu’à présent condamné 60 fois à l’ONU en raisons des violations sauvages des droits humains. Malgré les prétentions du mollah Rohani sur la modération, depuis son entrée en fonction, le nombre des exécutions officielles se montent à 400. La semaine dernière dans la seule prison de Ghezel-Hessar de la ville de Karadj en banlieue de Téhéran, 3000 prisonniers ont entamé une grève de la faim pour protester contre les exécutions collectives. L’interdiction des antennes satellites, la censure et le blocage d’internet et de ses réseaux sociaux en Iran continuent et la jeunesse iranienne est privée de ces moyens largement utilisés dans le monde.

L’inaction face aux exactions sauvages en Iran, en raison des négociations atomiques, est une erreur fatale qui finit par rendre les mollahs encore plus agressifs dans le domaine atomique. Le programme atomique des mollahs n’a aucune légitimité aux yeux de la population iranienne.

Massoud Radjavi, le dirigeant de la Résistance a dit à ce propos : « Les mollahs veulent enrichir un régime affaibli à bout de souffle avec de l’uranium. Mais est-ce qu’avant l’énergie nucléaire, ce n’est pas la liberté, la souveraineté, du travail, du pain et un logement qui sont les droits inaliénables de la nation iranienne ? Quelle est cette énergie pacifique, cette science et ce savoir qui sont du début à la fin dans les mains des gardiens de la révolution ? »

Chers Amis,

Cette politique qui tergiverse face au programme atomique et au terrorisme des mollahs, agit aussi de manière choquante face au massacre des Moudjahidine du peuple à Achraf. La répression, l’encerclement, la torture psychologique et le massacre des Achrafiens par le gouvernement fantoche des mollahs en Irak, ces cinq dernières années, n’auraient jamais pu se faire sans la violation répétée des engagements écrits des USA et de l’ONU. L’abandon par les USA et l’ONU de leurs responsabilités vis-à-vis de la protection des Moudjahidine d’Achraf, a rendu le gouvernement irakien encore plus agressif.

Les Moudjahidine du camp Liberty et dans huit pays du monde suivent une grève de la faim pour faire bouger la conscience du monde face à cette énorme injustice. Voir chaque jour les visages amaigris et les souffrances de ces grévistes me plongent dans une peine et une tristesse profondes. J’ai essayé et je continue sans répit et de diverses manières de faire stopper la grève aux personnes dans un état critique. Mais les grévistes me demandent pourquoi les USA et les gouvernements occidentaux qui ont écrit dans l’accord officiel qu’ils s’engageaient à assurer la protection de chaque Moudjahidine d’Achraf, en échange de leurs armes et jusqu’au règlement final de leur situation, pourquoi les ont-ils lâchés sans défense dans la gueule du loup ? En rappelant la liste des engagements violés par les USA et l’ONU, ils insistent pour que les USA respectent leurs promesses écrites.

Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU dans sa lettre du 28 décembre 2011 aux habitants d’Achraf avaient annoncé garantir la sécurité des Achrafiens jusqu’au transfert du dernier d’entre eux hors d’Irak. Cet engagement a été répété à maintes reprises, notamment dans l’accord quadripartite du 16 aout et le communiqué du 29 aout du département d’Etat américain.

Du reste, pourquoi quatre mois après l’attaque sur Achraf, malgré toutes les mesures, les requêtes sur place et les demandes quotidiennes des avocats et des familles, le gouvernement irakien qui dit ne pas avoir trempé dans cet énorme crime contre l’humanité, n’a toujours pas rendu les corps des 52 victimes pour pouvoir les enterrer ?

Aujourd’hui, même après son retour des USA, Maliki ne cesse de parler avec perversité des mandats d’arrêt contre 120 demandeurs d’asile et réfugiés à Liberty. Des réfugiés qui ont tous une carte de personne protégée par la 4e convention de Genève et que le HCR considère comme des personnes «particulièrement vulnérables ». Les USA et l’ONU se taisent à ce sujet alors qu’ils savent parfaitement que ces mandats montés de toutes pièces préparent le terrain à un plus grand massacre.

Je vous appelle ici à l’aide. J’appelle l’ONU, l’Union européenne et les USA à user de leur influence pour forcer le pouvoir irakien à libérer des sept otages et à accepter tout ce qui est nécessaire dans la pratique pour assurer la sécurité de Liberty afin d’empêcher une nouvelle catastrophe.

Mes chers amis,

Au milieu de toutes les catastrophes créées par la politique de complaisance, il y a quand même de quoi se réjouir car des eurodéputés d’avant-garde comme vous brandissent l’étendard d’une politique correcte et responsable, et face à toute sorte d’adversités et de pressions, vous en ouvrez la voie. Je vous souhaite à tous dans cette voie admirable mes meilleurs vœux de réussite.

Je voudrais enfin remercier M. Stevenson pour son voyage fructueux en Irak et l’attention qu’il porte aux problèmes et aux souffrances du peuple irakien ainsi qu’à la situation des membres de la Résistance à Liberty.

Je vous remercie.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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