27 Oct 2015

Maryam Radjavi : la liberté en Iran, clé de la crise et solution à l’instabilité de la région

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Maryam Radjavi : la liberté en Iran, clé de la crise et solution à l’instabilité de la région

Discours dans une conférence à l’Assemblée nationale- Paris, le 27 octobre 2015

la vie politique des mollahs repose sur deux bases : les violations des droits de l’homme en Iran et l’exportation du terrorisme et de la guerre dans la région.

Monsieur le Président du Comité parlementaire pour un Iran démocratique, Dominique Lefèvre,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,

Je remercie le Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID) d’avoir organisé cette réunion. Les événements en Iran et au Moyen-Orient ont démontré que l’attention que vous portez au problème de l’Iran, est une initiative de grande valeur.

Mon intervention va porter sur l’importance clé des droits de l’homme et de la liberté du peuple iranien dans la politique contre le régime des mollahs au Moyen-Orient. En fait, la vie politique des mollahs repose sur deux bases : les violations des droits de l’homme en Iran et l’exportation du terrorisme et de la guerre dans la région.

Un tableau sinistre de l’appareil étatique

Dans la situation actuelle en Iran, la répression est une guerre sauvage contre la population. Cela se voit surtout dans les exécutions collectives et arbitraires qui selon Amnesty International « brosse un tableau sinistre de l’appareil étatique qui procède à des homicides judiciaires prémédités à grande échelle »

La moyenne des exécutions sous Rohani se place à près de 1000 par an. C’est le plus grand record du régime en 25 ans. De plus, il y a des milliers de condamnés à mort dans les prisons en Iran. Ces exécutions trahissent l’instabilité du pouvoir. Un régime qui se sent menacé par des concerts et du théâtre est instable. Un régime qui met en prison des jeunes blogueurs, des poètes, des caricaturistes, des journalistes et des réalisateurs est instable.

Trois erreurs de l’Occident

Malgré tout aujourd’hui dans beaucoup de pays occidentaux, pour diverses raisons, comme les intérêts économiques, la propagande et le chantage des mollahs, certains se font une fausse image de ce régime. Cela vient de trois erreurs. D’abord de voir dans le terrorisme, les génocides et le bellicisme, un signe de force de cette dictature. Ensuite, d’imaginer que ce régime, qui est le facteur majeur d’instabilité et d’insécurité dans la région, peut collaborer à la sécurité du Moyen-Orient. Et enfin, de fermer les yeux sur les facteurs de changement en Iran.

Une répression accrue après l’accord nucléaire

Permettez-moi de préciser quelques points à ce sujet. L’accord nucléaire du 14 juillet est certainement un tournant. Mais si le régime avait été en position de force, il n’aurait jamais accepté de le signer. Parce que le programme de fabrication de la bombe atomique a toujours été un élément de pouvoir pour le guide suprême.

Rafsandjani, qui est depuis le début le numéro 2 de cette dictature, a reconnu hier, selon l’agence de presse officielle des mollahs, que le régime a dès le départ lancé le projet nucléaire dans le but de fabriquer une bombe atomique et n’a jamais abandonné cette idée et que lui et Khamenei ont personnellement suivi ce dossier.

Ainsi donc le pouvoir a été contraint d’accepter cet accord, ce qui a affaibli la totalité du régime et créé une grave contradiction. C’est pourquoi la semaine dernière, le guide suprême des mollahs Khamenei a donné son aval, mais il a laissé la porte ouverte à une possibilité de le contourner.

Après cet accord, le régime n’a pas trouvé la capacité de mener des réformes. Au contraire, afin de compenser son retard relatif dans le programme nucléaire, il a intensifié la répression et la guerre. Rappelez-vous, quand Khatami est arrivé à la présidence, certains imaginaient que le fascisme religieux pouvait se réformer. Mais cette expérience a été un échec. Aujourd’hui, c’est le même échec qui se répète avec le mollah Rohani. Il s’agit de fanatisme, incapable de changement, et comme le disait Voltaire : « le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion ».

Ces derniers mois, les mollahs ont renforcé les violations des droits de l’homme en Iran. Ils ont créé une crise ouverte avec un tir d’essai de missile pouvant porter une tête nucléaire. De son côté, le guide suprême des mollahs vient encore d’insister sur le décret de mort de Salman Rushdie.

En Syrie, le régime iranien a intensifié la guerre et les massacres. Et comme il a durement échoué sur le terrain, il a fait un plan avec la Russie pour faire entrer Moscou dans cette crise. L’intervention des mollahs en Syrie a eu trois conséquences catastrophiques : permettre le développement de Daech, provoquer des attaques terroristes en Europe comme l’attentat de Charlie Hebdo, et créer une immense crise sociale avec 2 millions de réfugiés en Europe, ce qui est une crise humanitaire sans précédent.

Cependant il existe une solution : c’est de chasser les pasdarans de Syrie, apporter un soutien concret à l’opposition modérée syrienne et comme le président Hollande l’a souligné à l’assemblée générale de l’ONU, une Syrie sans Bachar Assad.

Les conséquences de la coopération avec le régime iranien

Ceux qui disent qu’il faut coopérer avec ce régime, n’utilisent ni l’expérience de la Syrie ni l’expérience de l’Irak et du Yémen. Sans soutien direct des mollahs à Bachar Assad, pas de crise de réfugié, ni 300.000 morts. Sans le soutien des mollahs à Maliki, alors premier ministre d’Irak, et à sa politique criminelle, Daech n’aurait pas pu se développer.

Ces seize derniers mois, le régime iranien a continué son ingérence criminelle en Irak sous prétexte de lutter contre Daech. Malheureusement le gouvernement américain l’a accompagné de facto dans cette démarche. Mais au lieu de faire la guerre à Daech, les mollahs ont réprimé le peuple irakien, en éliminant surtout les sunnites.

Les contrats alimentent les entreprises du Guide suprême

Ces défis existent aussi pour la coopération économique. Le peuple et les commerçants iraniens veulent des échanges scientifiques et culturels, économiques et technologiques avec les pays occidentaux, et surtout la France.

Mais la domination des Gardiens de la révolution sur l’économie iranienne pose un problème, car ils contrôlent entre la moitié et les deux-tiers du P.I.B. C’est pourquoi les principaux interlocuteurs des contrats sont des entreprises contrôlées par Khamenei et les Pasdarans. Ces contrats alimentent la machine de guerre et de répression.

La clé de cette crise se trouve dans les mains du peuple iranien. Le Moyen-Orient a besoin de paix, de stabilité et de démocratie. Ce n’est possible qu’avec un changement de régime en Iran. Rien ne fait peur davantage aux mollahs que la colère populaire et la Résistance organisée.

Ils ont vu comment lors du soulèvement de 2009, ils ont été au bord du renversement. Après l’accord nucléaire, le blocus inhumain et les démarches répressives contre les membres de l’OMPI au camp Liberty ont continué. Les agents des mollahs et la force Qods continuent de venir au camp Liberty pour harceler et persécuter les habitants. Le blocus médical se poursuit, tout comme le pillage des biens des habitants qui restent privés de leur droit à la propriété.

Un message de prisonniers politiques

Malheureusement, les relations des gouvernements occidentaux avec ce régime, l’indifférence face aux violations des droits de l’homme et des libertés du peuple iranien, et la violation des engagements à protéger les membres de l’OMPI, agissent contre un changement en Iran par le peuple iranien et sa Résistance.

Il y a deux semaines, dans une lettre ouverte aux gouvernements européens, des prisonniers politiques iraniens ont écrit avec courage : La vie et la sécurité des gens n’ont aucune valeur en Iran. Alors comment un régime qui n’a pas de pitié pour sa population pourrait résoudre le problème des autres pays ? » Ils ont ajouté : « Il est étonnant de faire participer le régime iranien à la sécurité de la région, vu qu’il fait partie du problème et qu’il est un parrain du terrorisme. »

Je dois aussi rappeler les nombreuses manifestations des enseignants, des ouvriers et des autres couches sociales qui expriment la volonté et l’aspiration de la société à un changement.

Dans ces conditions, fréquenter le fascisme religieux au pouvoir en Iran et son président va contre la démocratie et les droits de l’homme et l’encourage à exécuter davantage. Cela va contre la paix dans la région et alimente l’extrémisme et le terrorisme qu’il soit sous le couvert du chiisme ou du sunnisme. Passons sur le fait qu’investir dans ce régime aux abois, c’est investir dans un mirage.

Un changement de politique nécessaire

C’est pourquoi nous attendons des gouvernements occidentaux et surtout de la France, de subordonner leurs relations avec ce régime à l’arrêt des exécutions. Faites pression sur les mollahs pour libérer les prisonniers politiques ! Nous attendons aussi des Etats-Unis et de l’Union européenne qu’ils respectent leurs engagements et leurs promesses de protéger le camp Liberty en Irak. Il est temps de mettre fin à l’insécurité et au blocus de Liberty, surtout le blocus médical. Et enfin, il faut respecter la Résistance du peuple iranien pour la liberté.

Tout ce qui importe c’est la liberté du peuple iranien. Comme le dit la Marseillaise : « Liberté, liberté chérie. » Oui, c’est la clé de la crise iranienne et la solution à l’instabilité de la région.

Je vous remercie.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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