10 Oct 2015

Maryam Radjavi : Notre programme, c’est un Iran sans exécutions

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Maryam Radjavi : Notre programme, c’est un Iran sans exécutions

Discours de Maryam Radjavi à l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort – Paris 10 octobre 2015

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je vous remercie d’être venus à cette conférence à l’occasion d’une journée importante pour le monde entier.
Votre présence précieuse est un encouragement pour le peuple iranien qui voit chaque jour la pendaison de la jeunesse et la répression des mollahs. Des pendaisons au nom de la religion, alors qu’il faut respecter la dignité et la vie de chaque être humain dans le monde.
Tuer une personne, c’est tuer l’humanité. C’est la parole de Dieu dans le Coran.

Cette année les mollahs ont encore plus exécuté que toutes les années précédentes. Oui, la pendaison d’une seule personne doit soulever la colère. C’est pourquoi il est honteux que les puissances mondiales gardent le silence sur la situation en Iran, à cause des négociations et de l’accord nucléaire ou à cause des contrats commerciaux. Mais ces calculs sur la vie des gens n’ont jamais été de bons investissements.

Si les pays occidentaux s’étaient opposés aux violations des droits de l’homme en Iran, alors les mollahs n’auraient jamais pu développer leur barbarie en Syrie ou en Irak. C’est grâce à cette complaisance que les mollahs, sans aucun obstacle, ont occupé une grande partie de l’Irak. De même, ils ont mené les interventions les plus criminelles en Syrie pour sauver la dictature de Damas. Le résultat, c’est d’un côté 300.000 morts dans la population syrienne et une vague de réfugiés et de l’autre, c’est le développement de Daech. A présent, les mollahs connaissent l’échec en Syrie. La Russie est désormais dans ce pays pour sauver la dictature d’Assad, ou du moins pour assurer ses intérêts dans cette partie du monde.

Le massacre du peuple syrien continue. Le monde entier doit s’opposer à cette situation. Il faut arrêter le massacre en Syrie. Certains avec démagogie disent que la chute du régime syrien pourrait ouvrir les portes de Damas à Daech. C’est un argument fabriqué par les mollahs pour sauver Assad. Nous mettons en garde contre tout soutien à Assad pour le préserver au pouvoir, car cela permet à Daech de se développer. Au contraire, la seule solution contre Daech, c’est de chasser le régime iranien de Syrie et d’Irak et de renverser Assad. Il faut aussi en parallèle, conditionner les relations et les échanges avec le régime iranien à la fin immédiate des exécutions en Iran.

Tant que cette situation néfaste continue, rien ne peut justifier de serrer la main des autorités de ce régime, y compris du mollah Rohani et des autres autorités de ce régime inhumain. Nous appelons les gouvernements occidentaux à briser le silence sur les exécutions et les autres crimes du fascisme religieux en Iran et à sortir de l’inaction. Nous les appelons à respecter la résistance du peuple iranien pour la liberté.
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Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre présence à cette conférence et de l’attention que vous portez à la crise des droits humains en Iran. En cette journée consacrée par l’ONU contre la peine de mort dans le monde, je rends hommage aux 120.000 martyrs pour la liberté de l’Iran et particulièrement aux 30.000 prisonniers politiques massacrés en 1988. Je suis venue appeler le monde à nous aider à stopper les exécutions quotidiennes en Iran. Il faut faire cesser les exécutions et la torture. C’est ce que réclame le peuple iranien.

Chers amis,
Les droits humains de mes compatriotes opprimés sont lapidés à l’intérieur du pays et bradés sur la scène internationale. Les droits humains en Iran bradés pour les négociations nucléaires, les droits humains en Iran bradés face à la barbarie et au terrorisme du régime dans la région et les droits humains en Iran bradés à cause de la faiblesse et la crainte de certaines politiques internationales.

Faut-il uniquement respecter les droits humains sur le papier des résolutions et des conventions internationales ? Pourquoi dérouler le tapis rouge pour quelqu’un qui doit être jugé pour avoir dirigé des crimes et du terrorisme ces trente dernières années ? Il faut au moins subordonner les négociations avec lui à l’arrêt des exécutions en Iran.

Je veux parler du mollah Rohani, le président du régime iranien. Quand il a pris ses fonctions il y a deux ans, j’avais souligné que sans liberté d’expression et les droits humains, sans la libération des prisonniers politiques et la liberté de partis et tant que le programme nucléaire et la politique d’ingérence de ce régime dans la région continueront, rien ne changera.

Regardez ! La moyenne annuelle des exécutions sous son mandat a triplé par rapport à son prédécesseur. Les activités du régime pour fabriquer des armements, selon les propres termes de Rohani, ont été multipliées par cinq. Le budget de la sécurité, de la défense et de l’exportation de l’intégrisme islamiste a considérablement augmenté..

Les violations des droits humains se sont développées dans tous les domaines et visent l’ensemble de la population en Iran. Des défenseurs des droits humains, aux femmes, aux jeunes et aux enseignants, qui il y a deux jours ont encore manifesté, des chrétiens aux bahaïs et aux sunnites, des compatriotes des minorités arabes, baloutches et kurdes. Il faut aussi parler des ouvriers en colère. Le mois dernier, le syndicaliste résistant Chahrokh Zamani a perdu la vie à la prison de Gohardacht, à l’ouest de Téhéran.

Mais pourquoi quand les prisonniers politiques en Iran sont pendus ou laissés mourir à petit feu, le monde reste-t-il impavide ?
Pourquoi quand des adolescents sont exécutés en Iran, le monde garde-t-il le silence ?
Pourquoi cette tyrannie sauvage ne fait-elle pas l’objet de pressions pour au moins publier en entier le nom des exécutés ?
Aujourd’hui, dans les prisons à travers le pays, un grand nombre d’Iraniens sans défense sont exécutés en secret et l’on compte des milliers de condamnés à mort.
Pensons aux mères et aux pères, aux conjoints et aux enfants, et à l’angoisse qui les étreint.
Pensons aux femmes qui vendent leur rein pour payer le prix du sang qui sauvera leur mari de la potence.
Malheur aux criminels !
Malheur aux partisans de la complaisance !
Honte à ceux qui ferment les yeux sur toutes ces violations des droits humains en Iran !
Ceux qui veulent laver le président du régime de tous ces crimes, doivent savoir que cette politique ouvre la voie à un bain de sang dans la région et dans le monde.

Rohani a dit clairement que ces exécutions se font « sur la base de la loi divine ou des lois adoptées par le parlement (…) et nous sommes des exécutants ». Quelles que soient les querelles qui divisent les mollahs au pouvoir, ils se retrouvent unis sur la question des exécutions et de la répression. Ils se servent des pendaisons pour préserver leur régime. Mais ces criminels doivent savoir que le sang qui coule chaque jour du peuple iranien formera une vague puissante qui mettra fin au régime des mollahs.

Mesdames et Messieurs,
La dictature religieuse se base essentiellement sur trois types d’accusations pour appliquer la peine de mort :
La première accusation et la plus importante, c’est l’opposition politique. Il y a trente ans, des dizaines de milliers de prisonniers ont été exécutés sur la base de cette accusation injuste et sans valeur. La majorité d’entre eux ont été condamnés sans le moindre processus judiciaire, uniquement parce qu’ils étaient opposants. Dans le droit pénal de ce régime, toute personne est considérée « en guerre contre Dieu » uniquement en raison de son adhésion, de son soutien ou de sa collaboration avec l’OMPI, et donc elle est condamnée à mort. Nombreux sont ceux qui ont été exécutés seulement pour avoir eu des convictions opposées à ce régime. Et combien nombreux ont été les jeunes exécutés pour avoir protesté contre l’oppression des minorités ethniques. Or, tant du point de vue de l’islam que du droit international, lutter pour un changement de régime n’est pas un délit, mais un droit essentiel de notre peuple.

La deuxième accusation porte sur la drogue. Les mollahs pendent un nombre significatifs de jeunes en Iran sous cette accusation. Or ces exécutions violent les conventions internationales sur les droits civils et politiques. Le mois dernier, le Secrétaire général de l’ONU a déclaré que les délits concernant la drogue en Iran ne peuvent être qualifiés de crime grave, soulignant que mettre le délit de drogue au nombre des « crimes les plus graves » ne justifie pas la peine de mort. Le Comité des droits de l’Homme et le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU récusent également ces exécutions. Et le rapporteur spécial sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires et l’Office contre la drogue et le crime de l’ONU ont déclaré que ces délits ne méritent pas la peine de mort. Sans parler du fait que dans la plus grande partie des cas, cette accusation est mensongère et ne sert qu’à couvrir des exécutions politiques.

Quant au troisième prétexte que les mollahs invoquent pour exécuter, c’est l’application les décrets islamiques. Or la loi moyenâgeuse du talion qui sert aux mollahs pour exécuter un grand nombre d’Iraniens, est en contradiction avec l’esprit d’amnistie et de miséricorde de l’islam. Le dynamisme de l’islam et du Coran récuse cette loi inhumaine. Ici l’islam sert de prétexte tout comme la lutte contre la drogue. Le seul et unique but des mollahs est de terroriser la société et d’étouffer les protestations sociales. Ils ont fait des assassinats une affaire courante à un rythme quotidien.

En organisant des exécutions publiques sous les yeux des familles et même des enfants, ils ravagent les cœurs et les esprits. Les exécutions, la torture, la lapidation, les amputations et l’énucléation des yeux ont été légalisées par ce régime et sont devenues des lois.

Oui, L’existence et le pouvoir de ce régime dépendent des exécutions, car s’il n’y avait pas d’exécutions, qu’est-ce qui pourrait contenir la colère des foules ?
S’il n’y avait pas d’exécutions, sur quoi s’appuieraient les mollahs pour priver le peuple de toutes ses libertés ?
S’il n’y avait pas d’exécutions, comment les mollahs pourraient-ils chaque jour augmenter les prix et dilapider les ressources de la population dans les conflits régionaux, mener leur pillage et leur vie de milliardaires ?
Mais en dépit de tous ces crimes et cette répression, les mollahs au pouvoir doivent savoir qu’ils finiront par se faire renverser par peuple et sa résistance organisée.

Chers amis,

Les puissances occidentales développent leurs relations politiques et commerciales avec le fascisme religieux comme si cette catastrophe était une affaire strictement intérieure à l’Iran. Cependant ces relations-là, sont les pires ingérences dans les affaires iraniennes, au profit des mollahs.

Ignorer les droits humains et la liberté du peuple iranien est la raison de l’échec de la politique occidentale face à l’Iran. Dans l’accord nucléaire, un facteur qui aurait pu faire reculer totalement les mollahs, aurait été de subordonner tout accord au respect des droits humains en Iran.

Quand les mollahs ont la main libre pour exécuter sauvagement les Iraniens, ils multiplient leurs menaces contre la région et le monde.

C’est pourquoi je dis aux gouvernements occidentaux : subordonnez vos relations à un moratoire sur les exécutions en Iran ! Mettez la pression sur le régime des mollahs pour qu’il libère les prisonniers politiques ! Envoyez le dossier du génocide commis par ce régime en 1988 devant la cour pénale internationale pour crime contre l’humanité ! Respectez la résistance du peuple iranien pour la liberté !

A propos de la cible principale des massacres et des tueries de ces dernières années, à savoir les opposants iraniens du camp Liberty en Irak, respectez vos engagements à les protéger. Plus particulièrement, il faut mettre fin au blocus de Liberty, surtout au blocus médical. Il faut retirer le dossier de Liberty et sa direction des mains des éléments liés au régime des mollahs. Il faut assurer la protection du camp et stopper l’envoi sous n’importe quel prétexte à Liberty des agents du renseignement des mollahs, car cela prépare le terrain à un massacre. Le gouvernement irakien doit permettre la vente par l’OMPI des biens d’Achraf pour assurer les dépenses du camp Liberty.

Chers amis,

Notre plan pour l’avenir est un Iran sans exécutions. Cela fait des années que la Résistance iranienne a annoncé vouloir abolir la peine de mort, mettre fin à la torture et à toute violation des droits humains en Iran. Notre programme c’est de susciter l’amitié et la tolérance.

Notre programme pour l’avenir, c’est d’annuler la charia des mollahs. Nous rejetons le droit pénal inhumain de ce régime et sa législation qui viole les droits de l’homme. Nous considérons la loi du talion comme inhumaine. Nous défendons des lois qui s’appuient sur le pardon, la compassion et l’humanisme.

Massoud Radjavi, le leader de la Résistance, a libéré l’ensemble des milliers d’hommes des troupes du régime de Khomeiny capturés lors des attaques de l’Armée de libération nationale iranienne, sans la moindre violation de leurs droits, bien que beaucoup avaient tué des résistants de l’OMPI. C’est une tradition de la Résistance du peuple iranien.

Notre programme c’est d’instaurer une justice indépendante, dynamique et libre.
Notre programme c’est de défendre les valeurs de la démocratie et de la liberté, de l’égalité et le respect de la vie privée de chaque individu en Iran.
Un programme dans lequel personne ne sera arrêté de manière arbitraire, où la torture sera interdite, où aucun inculpé ne sera privé du droit de se défendre et d’avoir un avocat, où la présomption d’innocence sera respectée et où personne, surtout aucune femme, victime de violence et de violation de droits, ne sera privé d’accès à la justice.
Notre plan pour l’avenir de l’Iran c’est que personne, en raison de sa croyance ou d’absence de croyance en une religion, ou pour l’avoir abandonnée, ne perde ni sa liberté, ni ses droits, ni sa vie.
Notre programme c’est que sous la protection des lois, toute la société bénéficie d’une véritable sécurité et de l’égalité des droits.

Mesdames et messieurs,

Oui nous sommes à la recherche d’un ordre nouveau fondé sur la liberté, la démocratie et l’égalité. Nous avons choisi de nous battre pour ramener la vie et le bonheur à notre peuple. Pour que plus jamais des jeunes de moins de 18 ans n’aillent en prison attendre d’avoir atteint l’âge légal dans le couloir de la mort pour être pendus, pour que plus jamais de mère ne pleure sur la dépouille de son enfant exécuté

Ce qui nous motive pour résister jusqu’à la victoire, n’est ni la haine ni la vengeance. Ce qui nous motive, c’est l’amour de la liberté et de l’humanité. C’est l’esprit de notre persévérance. Et le secret de cette persévérance n’est autre que le dévouement et d’en accepter le prix.

Regardez la liste des martyrs ! Regardez les prisonniers résistants ! Regardez ceux qui résistent la tête haute dans la prison de Liberty ! Regardez leurs partisans à travers le monde et regardez la plus grande campagne menée dans le monde contemporain !
Tout cela annonce l’arrivée de la liberté en Iran.

Oui, notre programme n’est pas un vœu pieux, c’est l’avenir assuré de l’Iran. Le sang et la souffrance des exécutés et des prisonniers, et la persévérance et le dévouement des précurseurs de la liberté dans le camp Liberty, appellent tout le monde à se dresser pour cet avenir passionnant.

Je vous remercie

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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