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19 Mai 2018

Le Ramadan en Iran dans le soulèvement contre la dictature religieuse

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Le Ramadan en Iran dans le soulèvement contre la dictature religieuse

Discours de Maryam Radjavi dans une conférence-iftar du mois de Ramadan

Le 19 mai 2018 s’est tenue à Auvers-sur-Oise une conférence à l’occasion de la rupture du jeûne du mois de Ramadan, intitulée « Le message de paix et de liberté de l’islam » avec la participation de nombreuses personnalités musulmane de France, d’Algérie, de Jordanie, de Syrie et du Yémen. Tout en souhaitant au peuple d’Iran et aux musulmans du monde un bon Ramadan, Maryam Radjavi a formé le vœu que ce mois soit porteur de libération, de paix et de solidarité dans le monde entier.

Lors de son intervention, elle a déclaré :

Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Je suis ravie de vous recevoir dans la maison de la Résistance iranienne, d’autant plus pour passer avec vous un des premiers Iftar, la rupture du jeûne, de ce mois sacré de Ramadan.

Je voudrais former des vœux pour que le message porté par ce mois, un message de libération, de paix et de solidarité, s’étendent au monde entier, en particulier aux pays musulmans. Je souhaite aux musulmans de France le progrès, la tranquillité et la compassion.

Je demande à Dieu de libérer des griffes, des tueries et des destructions de la dictature religieuse des mollahs, nos sœurs et nos frères des pays du Moyen-Orient, en particulier la nation sœur de Syrie. De même nous exprimons notre compassion avec le peuple palestinien qui souffre en raison des événements de ces derniers jours.

Cher amis,
Dans le sud de notre pays, lors de la première nuit de Ramadan, la population courageuse de Kazeroun s’est insurgée contre le régime. Les forces de sécurité ont ouvert le feu, faisant des morts, de nombreux blessés et de nombreuses arrestations. Les Kazerounis ont fait preuve d’une résistance admirable. A la suite de la répression sanglante, j’ai demandé l’envoi d’une mission d’enquête de l’ONU et appelé à la libération immédiate des personnes arrêtées. Il ne fait aucun doute qu’en cette période, les mères endeuillées et les cœurs affligés de la population de Kazeroun ont emporté la solidarité et l’affection de tout le peuple d’Iran. Saluons la population héroïque de Kazeroun !

Oui, le Ramadan en Iran est un Ramadan du soulèvement pour la liberté et la justice. Je souhaite à nos compatriotes en Iran, surtout à la jeunesse insurgée pour la liberté, de remporter la victoire sur la tyrannie religieuse. Que la miséricorde et la grâce de Dieu fassent aboutir les souffrances et la lutte du peuple iranien à la liberté !

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى الَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ
Ô croyants, le jeûne vous a été prescrit comme il le fut à ceux qui vous ont précédé. Ainsi atteindrez-vous la vertu (Coran, sourate 2, verset 183)

Toutes les religions ont des trésors communs et toutes appellent l’humanité à la vertu. Toutes partagent le même but, celui de libérer les personnes des chaines et des entraves.

L’être humain peut-il dominer les forces rebelles qui sont en lui et hors de lui ? Jeûner c’est répondre par l’affirmative à cette question. Oui, quand l’être humain fait un sacrifice et en paye le prix, il peut briser des chaînes. Il peut dominer ce qui lui cause préjudice. Et il peut maitriser les forces tempétueuses. C’est ce que signifie pratiquer la vertu. Cette valeur n’est pas seulement le fait de l’islam ou d’autres religions, mais constitue en fait la source de toutes les valeurs.

Mais comment pratiquer la vertu ? Cette valeur ne s’acquiert pas en se tenant à l’écart, loin de tous. Comme l’a dit Massoud (Radjavi), « elle a un sens de création, d’évolution et de lutte ».

De ce point de vue, ne sont vraiment en quête de vertu que celles et ceux qui s’insurgent contre les obstacles à l’émancipation. Celles et ceux qui, selon le Coran, sont les meilleurs signes et exemples pour le peuple. Des personnes qui appellent à faire le bien et qui s’abstiennent de faire le mal.

A l’instar du long cortège des 120.000 martyrs tombés pour la liberté dans la lutte contre le régime des mollahs et des insurgés de ces derniers mois en Iran. Ces personnes ont appelé aux meilleures et aux plus belles actions qui incarnent en fait la liberté. Ces personnes ont rejeté les actions les plus mauvaises et les plus viles qui incarnent en fait la tyrannie religieuse.

Chers amis,

Jeuner selon l’islam, n’est pas endurer quelque chose de pénible. Exactement au contraire de ce que disent les mollahs de Khomeiny, le but est une ouverture :
يُرِيدُ اللّهُ بِكُمُ الْيُسْرَ وَلاَ يُرِيدُ بِكُمُ الْعُسْرَ

Le but est que les gens puissent connaitre des ouvertures et la facilité dans leur vie et non pas qu’ils soient écrasés par de lourdes charges, et non pas qu’ils passent toute leur existence dans la difficulté et la misère parce qu’ils n’ont ni pain, ni eau, ni toit, ni soins médicaux.

Jeûner n’a-t-il pas justement un rapport étroit avec l’aumône et la justice ? Le Prophète de l’islam n’a-t-il pas déclaré justement que « n’a pas cru en moi la personne qui s’endort le soir rassasiée alors que ses voisins ont faim » ? Et l’Imam Ali (premier Imam des chiites et beau-fils du Prophète Mohammad) ne donnait-il pas son maigre repas de rupture du jeûne aux pauvres qui souffraient de la faim ?

Alors maudits soient ces mollahs corrompus et voleurs qui ont plongé le peuple iranien dans la misère ! Ils affichent ostensiblement leurs prières et leur jeûne alors qu’ils alourdissent le joug qui écrase la population. Ils ont poussés les opprimés en Iran à une telle extrémité qu’ils en sont à vendre leurs reins et leurs rétines. Ils ont poussé les mères à une telle indigence qu’elles vendent leur bébé avant leur naissance.

C’est vrai qu’ils sont les pires ennemis de Dieu et du peuple. Au nom de Dieu et de l’islam, ils commettent les pires injustices contre le peuple. Ils ont plongé la population du Kurdistan dans une telle misère que les gens ne peuvent faire autrement que de transporter sur leur dos des charges accablantes. Et ils tirent sur les gens à cause du transport de quelques sacs de riz. Ils privent d’eau les agriculteurs et ne versent pas le salaire des ouvriers.

Maudits soient les mollahs marchands de religion et leurs mensonges sur l’islam qui privent les gens d’eau et de pain ! Vous avez réduit les Iraniens à fouiller dans les poubelles dans un pays riches de pétrole et de ressources, alors que vous et les vôtres croulez sous des fortunes astronomiques.

Vous pillez les dépôts des épargnants. Vous condamnez les enseignants et le personnel infirmier à vivre sous le seuil de pauvreté, et vous répondez à leurs protestations légitimes par des arrestations et la torture.

Depuis le soulèvement de décembre et janvier des milliers de personnes ont été arrêtées. Les pasdaran ont abattu par balles ou tué sous la torture plusieurs de ces manifestants et nombreux sont les jeunes protestataires qui ont disparu.

Vous avez pillé ou vous dilapidez les richesses de la nation iranienne. Chaque année, vous dépensez des milliards de dollars dans la guerre et le massacre du peuple syrien. Dernièrement, on a appris que des cartons remplis de billets de 100 dollars ont été envoyés en soutien aux terroristes qui vous sont inféodés en Irak. L’histoire de l’islam n’a jamais connu de dirigeants aussi corrompus et criminels que ces démagogues et marchands de religion.

Les insurgés se sont soulevés contre cette injustice, pour la liberté et la souveraineté populaire. Ce soulèvement a commencé fin décembre. Mais ses vagues continuent dans les grèves et les manifestations des ouvriers, des agriculteurs, des enseignants, des épargnants spoliés et des autres couches sociales. La société iranienne est bouillonnante et les protestations se poursuivent dans diverses villes.

L’importance de ce soulèvement, c’est justement qu’il vise à renverser ce régime. Le soulèvement de décembre-janvier a signé la défaite de l’intégrisme islamiste. En s’en prenant à de nombreux signes du pouvoir religieux, les manifestants ont dit et montré qu’ils ne veulent pas de contraintes religieuses ni de religion obligatoire.

Je veux souligner qu’un changement de régime est la seule voie qui mène à une émancipation sociale. Et cela se fera assurément.

Mesdames et Messieurs,

Le renversement de la dictature religieuse a une importance décisive pour l’Iran et toute la région. C’est une lutte qui demande un prix élevé. Se lancer dans cette lutte, c’est persévérer sur cet objectif et accepter d’être la cible de toutes les insultes et les attaques empoisonnées ; c’est la meilleure façon de pratiquer la vertu.

Quand un régime est entièrement dédié au crime, à la torture, à la tromperie et à la corruption, il faut pour le combattre porter l’abnégation au plus haut point. Il faut renoncer à beaucoup de demandes et d’intérêts personnels – qui sont par ailleurs totalement légitimes dans des conditions normales – et pratiquer l’introspection et la fraternité à l’échelle de cette lutte. C’est cela pratiquer la vertu. C’est pour cela que nous disons qu’elle est la mère de toutes les valeurs humaines.

Lutter contre la dictature religieuse et maintenir élevé le drapeau de son renversement, c’est possible en payant ce prix, un prix comme le massacre de 30.000 prisonniers politiques en 1988, comme les quatorze années de siège et de résidence surveillée à Achraf et Liberty avec des tueries et des attaques à la roquette successives, et comme les Moudjahidine du peuple et les combattants qui résistent dans les prisons du régime des mollahs.

C’est le prix de la résistance que les Moudjahidine du peuple ont payé dès le premier jour contre la tyrannie sous la bannière de l’islam. C’est ainsi qu’avec la direction de la plus grande organisation révolutionnaire et musulmane d’Iran, Massoud Radjavi a tenu bon avec fermeté et a refusé de voter pour la Constitution de la dictature religieuse.

Oui, nous avons appris et nous sommes convaincus que l’islam ne nécessite aucune contrainte et la rejette. Dans cette optique, les fidèles de toutes les religions bénéficient des mêmes droits et la liberté de culte existe. La croyance ou non dans une religion n’engendre ni privilège ni privation. Nous défendons l’authenticité de l’islam, fondé sur la liberté, la souveraineté populaire, la négation de l’exploitation économique et l’égalité des femmes et des hommes.

C’est une doctrine émancipatrice qui, en s’appuyant sur le dynamisme du Coran, rejettent tout dogmatisme et extrémisme. Nous n’avons cessé de nous battre contre la religion obligatoire et la contrainte en religion.

Nous croyons dans ce principe du Coran précisant qu’ « il n’y a pas de contraintes en religion ». Une religion qui est venue dès le début pour ouvrir les chaines qui entravent les mains et les pieds des gens. Oui, notre religion, est la religion de la liberté. C’est la religion de l’expression libre, la religion de l’écoute, de la présentation d’arguments et de la délibération.

C’est la religion de la fraternité entre tous les cultes où les guerres de religion et les conflits sectaires entre chiites et sunnites n’existent pas.

Face au principe réactionnaire de la tutelle absolue du religieux, à savoir la dictature religieuse, nous défendons l’islam démocratique dans lequel nous reconnaissons la souveraineté populaire, le droit suprême d’un peuple.

Mais ces convictions ne se résument pas uniquement dans nos croyances et nos conceptions, elles se reconnaissent dans la lutte sans répit pour renverser ce régime et dans le sacrifice et la préparation constante pour en payer le prix.

Comme l’a dit Massoud (Radjavi) : Ce pour quoi nous nous battons avec notre peuple aujourd’hui, dans la forme et dans le fond, s’inscrit dans cette voie et cette lutte historique et de classe entre les exploiteurs et les exploités, entre les oppresseurs et les opprimés, entre un peuple qui veut sa souveraineté et un minimum de droits et de liberté, et la dictature religieuse qui au nom de l’islam, de la religion et du Coran, a donné à l’oppression pratiquée par les rois et les cours féodales, des dimensions colossales.

Chers amis,

La tyrannie religieuse en Iran est dans un état de fragilité extrême et sans avenir. Le peuple iranien cherche à renverser la dictature dans sa totalité. Par conséquent, je souligne à nouveau que pour éradiquer le danger nucléaire et terroriste de ce régime il faut se débarrasser de ce régime dans sa totalité. La condition nécessaire à la paix et la démocratie, à la sécurité et la stabilité dans la région, repose dans la fin de la dictature et du fascisme religieux en Iran.

Aujourd’hui, la nation sœur de Syrie est toujours sous la pression de la guerre, des destructions et des tueries dont le facteur est le régime des mollahs. Le premier pas pour régler la crise syrienne, est de chasser le corps des pasdaran hors de ce pays.

C’est la seule manière de mettre fin à la guerre et à la crise dans cette région et d’empêcher un conflit plus important.

Un autre pas nécessaire est la reconnaissance du Conseil national de la résistance iranienne comme alternative démocratique au régime des mollahs. C’est nécessaire pour compenser la politique de complaisance de ces dernières décennies qui a permis au régime des mollahs de survivre si longtemps.

Pour combattre le bellicisme et l’exportation du terrorisme par ce régime, il faut soutenir le soulèvement en Iran. Fermer les yeux sur la répression et la tuerie du peuple iranien, ne fait qu’encourager le fascisme religieux dans sa belligérance et l’exportation de l’intégrisme et du terrorisme.

C’est pourquoi, le Conseil de sécurité de l’ONU doit renvoyer devant une cour de justice internationale le dossier des dirigeants de ce régime pour terrorisme et violations des droits humains, en particulier le massacre des prisonniers politiques.

Chers amis,

Je terminerai mon intervention en saluant chaleureusement celles et ceux qui sont véritablement en quête de vertu.

Je salue les insurgés et les foyers de révoltes dans les villes d’Iran qui ont saisi par leur lutte, l’essence même du Ramadan et du jeûne.
Je salue les détenus politiques qui résistent dans les prisons de Khamenei en Iran.
Je salue la population excédée qui jour après jour manifeste et proteste davantage dans tout l’Iran.
Et je salue la résistance du peuple syrien et des autres peuples de la région qui tiennent bon face à la dictature religieuse des mollahs.
La liberté et la démocratie, la paix et la fraternité triompheront certainement des criminels grâce au courage du peuple iranien et de tous les peuples du Moyen-Orient.
Je remercie enfin le Comité de solidarité arabo-musulman avec la Résistance iranienne sous la présidence de notre frère le Premier ministre Ghozali, créé l’an dernier en cette période et le comité des musulmans de France pour la défense des droits de l’homme.

رَبَّنَا أَفْرِغْ عَلَيْنَا صَبْراً وَ ثَبِّتْ أَقْدَامَنَا وَ انْصُرْنَا عَلَى الْقَوْمِ الْکَافِرِينَ‌
Seigneur donne nous la patience, affermis nos pas et donne-nous la victoire sur les voleurs de droits.

Le Ramadan en Iran dans le soulèvement contre la dictature religieuse

Le Ramadan en Iran dans le soulèvement contre la dictature religieuse

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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