10 Juil 2025

Maryam Radjavi dans une interview à An-Nahar : Ni guerre, ni complaisance avec le régime iranien

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Maryam Radjavi dans une interview à An-Nahar : Ni guerre, ni complaisance avec le régime iranien

Le régime iranien est aujourd’hui confronté à une question fondamentale que lui pose son propre peuple : Pourquoi les richesses de la nation ont-elles été investies dans un projet nucléaire sans rapport avec les intérêts de la population et qui s’est ensuite volatilisé du jour au lendemain ?

Au cours de la guerre de 12 jours avec Israël, la république islamique d’Iran a subi de lourdes pertes, qu’il s’agisse de l’élimination de hauts commandants militaires, de graves dommages à ses systèmes de défense aérienne ou de coups portés à son programme nucléaire, qui est considéré comme un symbole de l’autorité du régime. Pour la première fois peut-être depuis la guerre Iran-Irak, le régime se trouve dans une position véritablement périlleuse.

Néanmoins, Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), souligne dans une interview exclusive à An-Nahar que les efforts du régime pour reconstruire ses capacités militaires dépendent de deux facteurs clés, même s’il a subi des coups importants et qu’une grande partie de son infrastructure et de son équipement militaire a été détruite.

L’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), en tant que la plus grande entité au sein du CNRI, est la force d’opposition iranienne la plus importante à l’étranger. Après des années de lutte politique, l’organisation s’est restructurée et fonde désormais sa plate-forme sur la démocratie, les droits humains et la séparation de la religion et de l’État. Elle bénéficie actuellement d’un large soutien dans les parlements occidentaux.

Dans la suite de l’interview, la dirigeante du plus grand mouvement d’opposition au régime iranien évoque l’impact de la guerre récente, les scénarios possibles pour l’avenir de l’Iran, la possibilité pour le régime de restaurer sa puissance militaire, le niveau de soutien populaire au CNRI à l’intérieur de l’Iran et d’autres questions urgentes. Le texte intégral de l’interview est le suivant :

Comment évaluez-vous l’impact de la récente guerre entre l’Iran et Israël sur le régime iranien ? Cette guerre a-t-elle marqué le début de la fin pour le régime ou a-t-il encore la capacité de perdurer ?

Il y a 21 ans, j’ai déclaré au Parlement européen que la solution à la crise iranienne ne réside ni dans la complaisance avec ce régime ni dans une intervention militaire étrangère. La seule véritable solution est la troisième voie : le renversement du régime par le peuple iranien et sa résistance organisée.

Le 18 juin dernier, en plein conflit, j’ai réitéré cette même position devant le Parlement européen. Pendant la guerre, j’ai constamment souligné que le peuple iranien se réjouissait de la fin de la guerre et aspirait à la paix et à la liberté. Laissons le peuple iranien décider de son propre destin, en menant une bataille décisive pour renverser Khamenei et la dictature du guide suprême.

Quels sont les scénarios possibles pour l’Iran après la guerre ? Si le régime tombe, quelle est votre vision de l’avenir du pays ? Et si le régime survit, seriez-vous prêt à négocier avec lui ?

Nous cherchons à établir une république démocratique et non nucléaire en Iran, une république fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité totale des genres et le droit à l’autonomie pour les groupes ethniques et les nationalités de l’Iran.

Cette feuille de route n’est pas seulement une garantie pour la démocratie et les droits humains en Iran, mais jette également les bases de la paix, de la stabilité, de la reconstruction, de la coopération et du développement économique en Iran, dans la région et dans le monde.

Il ne s’agit pas d’un simple rêve, mais d’un plan pratique et réalisable. L’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran, les jeunes insurgés en Iran, le vaste réseau des unités de résistance et les militants travaillent sans relâche dans l’espace virtuel, jour et nuit, pour le faire advenir.

Le régime est-il encore capable de reconstruire sa puissance militaire après la récente guerre ?

Le régime a subi des coups dévastateurs. Il a perdu un grand nombre de ses commandants et ses infrastructures et équipements militaires ont été détruits. La reconstruction de cette capacité dépend de deux facteurs principaux :

Tout d’abord, la politique de la communauté internationale. La communauté mondiale adoptera-t-elle une position de fermeté ou reviendra-t-elle une fois de plus à une politique de complaisance ? La seule approche qui permettrait au régime de se reconstruire est la politique de complaisance, qui lui donne le temps et l’espace pour relancer son appareil répressif et militaire.

Deuxièmement, le facteur interne. La résistance et les soulèvements populaires agiront avant que le régime n’ait une chance de se reconstruire, et ils ne lui en laisseront pas l’opportunité. C’est précisément ce que la Résistance iranienne planifie et s’efforce de faire.

Le régime est aujourd’hui confronté à une question cruciale de la population : Pourquoi les richesses de la nation ont-elles été dilapidées dans un projet nucléaire qui n’a rien apporté et qui a été détruit du jour au lendemain ? La réponse à cette question ne fera qu’accroître le ressentiment de la population à l’égard du régime et ouvrira la voie à de futurs soulèvements.

En outre, l’économie iranienne se trouve dans une situation désastreuse en raison des sanctions internationales, de la corruption systémique, des coûts astronomiques du programme nucléaire, de la répression intérieure et du soutien aux milices étrangères.

Dans ces conditions, la reconstruction militaire et nucléaire coûtera cher au régime. S’il tente une nouvelle fois de faire peser ce fardeau sur les épaules du peuple, le prochain soulèvement sera plus intense et éclatera plus rapidement.

D’où le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) tire-t-il sa légitimité ? Quel est le soutien dont il bénéficie à l’intérieur du pays ?

Le CNRI – et en particulier sa colonne vertébrale, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) – est profondément enraciné dans la société iranienne.

Depuis 60 ans, cette organisation [l’OMPI] lutte pour la liberté, la justice et la souveraineté populaire, s’opposant à la fois à la dictature du chah et au pouvoir tyrannique du guide suprême. Elle a payé un lourd tribut, avec plus de 120 000 martyrs dans cette lutte. Pas un seul instant elle ne s’est éloignée du champ de bataille de la résistance.

Les femmes en Iran, qui ont été confrontées à certaines des formes les plus dures de répression sous ce régime, jouent un rôle central dans la résistance iranienne. Plus de la moitié des membres du CNRI sont des femmes et de nombreux postes de direction sont occupés par des femmes. Cette résistance a élevé le statut des Iraniennes, les faisant passer de prisonnières à domicile et citoyennes de seconde zone à des postes de direction.

Malgré une répression sévère, la résistance s’appuie aujourd’hui sur un vaste réseau d’unités de résistance à l’intérieur du pays. Ces unités s’emploient à dénoncer les crimes du régime, à mobiliser le public, à mener des actions de protestation et à cibler les centres de répression.

En outre, il existe un vaste réseau social lié à l’OMPI/MEK, couvrant divers secteurs de la société, y compris les familles des martyrs, les anciens prisonniers politiques et d’autres. Ce réseau a joué un rôle actif dans les manifestations sociales et obtenu des informations très sensibles de l’intérieur du régime. Grâce à ces efforts, la Résistance a eu accès, au cours des deux dernières décennies, à des renseignements précis sur les activités nucléaires et terroristes du régime.

L’une de nos plus grandes forces est notre vision claire de l’avenir de l’Iran. Il y a vingt ans, j’ai présenté cette vision sous la forme d’un « plan en dix points » au Conseil de l’Europe. Ce plan a reçu le soutien de plus de 4 000 parlementaires, de nombreux parlements nationaux et personnalités internationales.

Les Iraniens de l’étranger manifestent également leur soutien à ce programme et au CNRI en organisant des rassemblements à grande échelle, auxquels participent des centaines de dirigeants politiques et d’anciens dignitaires internationaux.

Travaillez-vous en coordination avec d’autres opposants au régime qui ne sont pas membres du Conseil national de la résistance ?

Dès le début, notre mouvement a souligné l’importance de l’unité des forces au sein d’un Front national de solidarité. Ceux qui sont activement engagés sur le terrain en Iran maintiennent une coordination pratique avec nous.

Toute personne qui œuvre sincèrement au renversement du régime est un allié et s’aligne sur l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) et le CNRI – un conseil qui constitue la plus ancienne coalition politique de l’histoire de l’Iran et qui entre maintenant dans sa quarante-cinquième année d’existence.

Le Conseil englobe un éventail de tendances politiques, de croyances religieuses et d’origines ethniques, toutes unies par un objectif commun : le renversement du régime clérical et l’instauration d’une république démocratique fondée sur le plan en dix points.

En 2002, le CNRI a proposé la formation d’un « Front de solidarité nationale » afin d’unir toutes les forces cherchant à faire tomber le régime. Dans ce cadre, nous avons toujours accueilli et continuons d’accueillir favorablement la coopération avec les forces républicaines engagées dans la lutte pour le renversement du régime.

Quels sont les points clés à inclure dans les futures négociations entre l’Iran et l’Occident ?

Toute négociation doit inclure les éléments suivants :

– Le démantèlement complet des installations nucléaires du régime ;

– Des inspections permanentes et complètes par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ;

– L’obligation pour le régime de cesser de soutenir le terrorisme et les milices sectaires en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen et dans d’autres parties de la région, car ces interventions sont une source majeure d’instabilité.

Dans un premier temps, il convient d’activer le « mécanisme de snapback » et de rétablir les résolutions antérieures du Conseil de sécurité des Nations unies concernant le programme nucléaire du régime.

En outre, il faut subordonner toute relation avec ce régime à la fin des exécutions et de la torture, à la libération de tous les prisonniers politiques et à l’arrêt des violations des droits humains.

Plus de 4 000 parlementaires de différents continents et plus de 100 anciens présidents et premiers ministres ont appelé la communauté internationale à reconnaître la Résistance du peuple iranien et sa lutte pour renverser ce régime. Il s’agit non seulement de la demande du peuple iranien, mais aussi d’un élément essentiel pour la paix et la stabilité dans la région et dans le monde.

Si vous prenez le pouvoir, à quoi ressembleraient vos relations avec les pays de la région ? En quoi seraient-elles différentes de celles de l’époque du chah et du régime clérical ? Quelle est votre vision de la paix et de la stabilité dans la région ?

En ce qui concerne les relations extérieures, en particulier avec les pays voisins, le dixième point de notre plan en dix points le souligne clairement : L’Iran doit être non nucléaire, exempt d’armes de destruction massive et attaché à la paix, à la coexistence et à la coopération régionale et internationale.

Le peuple iranien et les peuples de la région ont beaucoup souffert de la politique du chah, qui se considérait comme le gendarme de la région, et du programme de domination régionale du régime clérical. Le renversement du régime des mollahs marquera la fin définitive de ces politiques expansionnistes et agressives.

Après la chute du régime clérical, la Résistance iranienne inaugurera un changement fondamental dans la politique étrangère de l’Iran, fondé sur la coexistence pacifique, le respect mutuel avec les pays de la région et la poursuite des intérêts du peuple iranien ainsi que de la stabilité régionale.

L’une des plus grandes trahisons commises par Khomeiny et son régime a été l’exploitation de la cause palestinienne et de ses justes slogans. Ils ont porté le coup le plus dur à la question palestinienne et à ses mouvements nationaux, en particulier à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et à l’Autorité palestinienne.

L’existence de ce régime est un obstacle majeur à la paix et à la stabilité dans la région. L’histoire du régime clérical au cours des quatre dernières décennies n’a été définie que par l’exportation de la guerre, de l’extrémisme et du terrorisme.

 

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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