Discours dans une conférence au Parlement européen à Strasbourg

Maryam Radjavi : Quel est le principal enjeu de l’Iran ?
Mesdames et Messieurs les eurodéputés,
Chers amis,
Je suis heureuse de vous rencontrer, vous, les représentants élus des peuples européens, qui apportez votre soutien au peuple iranien et à sa résistance pour la liberté et la démocratie.
Il y a 7 mois, le 20 novembre 2024, je suis venue au Parlement européen vous parler de ma patrie, l’Iran.
Je préfère aborder le débat d’aujourd’hui en rappelant ce que nous avons dit ce jour-là.
1- La crise du renversement s’est emparée de la totalité de la dictature religieuse, et chacun le constate aujourd’hui de ses propres yeux. Surtout ceux qui ont vu la Syrie et la chute de Bachar el-Assad en décembre dernier. Personne ne s’y attendait, mais c’était réel et cela s’est produit.
La guerre qui a débuté aux toutes premières heures du vendredi 13 juin, marque le début d’une période dangereuse pour la situation en Iran et les événements dans la région.
Mais je dois souligner que la guerre principale qui dure depuis 44 ans, précisément depuis le 20 juin 1981, est la guerre du peuple iranien et de sa résistance contre le fascisme religieux au pouvoir, et sa solution est le renversement de ce régime par le peuple iranien et sa résistance.
Il y a 21 ans, j’ai déclaré ici, dans ce même parlement, que la solution n’est ni la complaisance ni la guerre, mais une troisième voie, à savoir un changement de régime par le peuple iranien et sa résistance organisée. J’ai mis en garde alors que « « La politique de compromis et de complaisance encourage le régime clérical à poursuivre sa politique et, en fin de compte, à imposer la guerre aux pays occidentaux. » « Ne laissons pas l’expérience de Munich se répéter avec des mollahs armés de la bombe atomique. »
Et aujourd’hui nous voyons que la complaisance a en effet conduit à imposer la guerre. Une fois de plus, je souligne que la paix et la sécurité dans cette partie du monde nécessite un changement de régime en Iran, réalisé par le peuple iranien et sa Résistance.
2- Notre résistance a affirmé dès le début qu’une vipère n’accouche pas d’une colombe et qu’une dictature religieuse est irréformable. Elle cherche à exporter le terrorisme et le fondamentalisme et à se doter de l’arme nucléaire, et ne cessera pas l’enrichissement d’uranium. Cela aussi a été démontré.
3- Nous avons dit que les négociations et la complaisance avec ce régime ne mèneront à rien, feront uniquement perdre du temps et offriront au régime davantage d’opportunités. C’était également vrai et cela a été prouvé.
4- C’est notre résistance qui a révélé pour la première fois en août 2002 les installations nucléaires cachées du régime des mollahs. Le président américain de l’époque, le vice-président, le secrétaire d’État et le conseiller à la sécurité nationale de ce pays ont souligné à plusieurs reprises que le monde ignorait le projet de fabrication de bombes du régime et que c’était la Résistance iranienne qui avait alerté le monde. Sinon, le régime aurait fabriqué ses bombes en secret.
La question était alors de savoir ce qu’il fallait faire.
Dès lors, j’ai mis l’accent sur la troisième voie : Ni complaisance ni guerre, mais un changement de régime par le peuple et sa juste résistance organisée et légitime. Cette même résistance qui, malheureusement, a été inscrite sur la liste noire par l’Europe et l’Amérique au lieu de ce régime et de ses gardiens de la révolution, et c’est là l’ironie amère de l’histoire.
Jusqu’à ce que d’abord l’Union européenne, en 2009, puis les États-Unis en 2012, révoquent et déclarent nulles et non avenues l’inscription sur cette liste du Conseil national de la Résistance iranienne, de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran et de l’Armée de libération nationale d’Iran.
Par ce rappel, je souhaite souligner la véracité et l’authenticité de la troisième voie. Nous avons dit que nous ne voulions ni armes ni argent, mais que nous voulions simplement, et voulons toujours, comme vous, Européens, résister au fascisme religieux et que cette résistance soit officiellement reconnue. C’est tout.
Mais ce droit nous a été refusé, à notre nation et à notre résistance, jusqu’à ce jour.
Bien sûr, vous et vos collègues dans ce Parlement, avec quatre mille parlementaires des deux côtés de l’Atlantique, et des personnalités politiques et scientifiques partageant les mêmes idées, l’avez souligné à maintes reprises.
5- La conclusion est que la solution à cette guerre et à cette crise réside dans le renversement et le changement de ce régime par le peuple iranien et sa résistance. Oui, il existe une alternative dotée d’un programme clair et d’une longue histoire de lutte acharnée contre cette dictature religieuse : le Conseil de la Résistance iranienne, qui fête ses 44 ans cette année.
L’alternative ne peut pas être apportée avec la nomination d’un roi par l’Angleterre, comme ce fut le cas il y a 100 ans. Elle ne peut pas être imposée comme en 1953, avec le coup d’État des États-Unis contre le gouvernement national du Dr Mossadegh, par la répression, les exécutions et la torture. Si un gouvernement national et démocratique avait été en place, l’histoire de l’Iran et la situation dans cette partie du monde auraient été différentes, et Khomeiny et les mollahs ne seraient pas arrivés au pouvoir. Mais le peuple iranien et ses enfants épris de liberté ne se sont pas soumis. Nous sommes dans la 60e année de lutte et de résistance de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran contre deux dictatures : la dictature monarchique du chah et la dictature religieuse des mollahs.
Dans cette lutte, nous n’avons pas connu un seul jour de répit. Les prisons, les salles de torture et les pelotons d’exécution des dictatures du chah et des mollahs n’ont pas non plus arrêté un seul jour, et ne s’arrêteront qu’au jour de leur renversement.
C’est pour cela que nous disons « ni chah ni mollahs », ce qui signifie que le peuple iranien n’accepte aucune forme de dictature et aspire à la liberté. Oui, à un Iran libre. C’est pourquoi je suis ici.
Le résultat de la complaisance avec le régime
Chers amis,
Maintenant, permettez-moi de rappeler une phrase de ce que j’ai prononcée ici le 15 décembre 2004 : « La politique de compromis et de complaisance encourage le régime clérical à poursuivre sa politique et, en fin de compte, à imposer la guerre aux pays occidentaux. » « Ne laissons pas l’expérience de Munich se répéter avec des mollahs armés de la bombe atomique. »
Nous avons dit à Khamenei à plusieurs reprises, et nous le répéterons encore, de négocier et de reculer. Nous l’invitons à boire, à l’instar de Khomeiny, la coupe de poison en renonçant à la bombe atomique et au bellicisme. Mais nous savons que Khamenei ne le fera pas. Parce qu’il considère que reculer est le chemin le plus court vers son renversement. Par peur de la mort, il ne se suicidera pas. Mais il plonge la population sans défense dans la guerre, l’anxiété et l’insécurité afin de préserver son régime fragile et défaillant. Cependant le peuple iranien ne laissera pas une autre chance à ce régime.
Quel est le principal enjeu de l’Iran ?
Chers amis,
Le problème actuel en Iran et la guerre qui y est menée concerne la question nucléaire.
Mais la question iranienne dans son ensemble va bien au-delà du programme nucléaire du régime. Elle est essentiellement un conflit entre la tyrannie religieuse et le peuple iranien et sa résistance.
L’année dernière, le rapporteur de l’ONU a déclaré que la tuerie et le massacre de prisonniers politiques dans les années 1980 et 1988 constituaient un génocide et un crime contre l’humanité. Regardons à présent le bilan de l’an dernier. Depuis le début de l’arrivée de Pezeshkian en juillet 2024, plus de 1 350 prisonniers ont été exécutés. Aucun pays ne procède à autant d’exécutions par rapport à sa population que l’Iran. Pourtant, les gouvernements et les médias occidentaux y accordent peu d’attention.
Dans aucun pays n’éclatent autant de protestations et de résistance en vue de réaliser un changement qu’en Iran. Chaque jour, des travailleurs, des employés, des enseignants, des infirmières et des retraités manifestent dans diverses villes du pays. Au cours de l’année écoulée, les unités de résistance ont mené 3000 opérations anti-répression contre les mollahs.
Mais les gouvernements et les médias occidentaux ignorent délibérément ce qui se passe sur le terrain.
Cependant ici, au sein de ce parlement, plusieurs résolutions contre les exécutions et les violations des droits humains ont été adoptées au cours de l’année écoulée. L’Union européenne continue également de s’abstenir d’inscrire le corps des pasdarans sur la liste noire.
Il s’agit de la poursuite de la mauvaise politique des trois dernières décennies. Le sacrifice des droits de humains et de la Résistance iranienne, ainsi que leur diabolisation délibérée, n’ont pas mis fin à la belligérance, au chantage et à la prise d’otages de ressortissants occidentaux par ce régime.
Une résistance dont plus de cent mille membres et sympathisants ont sacrifié leur vie dans la lutte pour la liberté et la démocratie.
Le peuple iranien veut le renversement de ce régime. Nous nous sommes levés pour le renverser et établir une république démocratique et non nucléaire, fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité entre les femmes et les hommes, le respect des minorités ethniques, un pouvoir judiciaire indépendant et l’abolition de la peine de mort.
Tout ceci a été inclus dans le programme que le CNRI a adopté et ratifié ces quatre dernières décennies. Nous prônons un système pluraliste défenseur permanent de la paix au Moyen-Orient.
Tel est le visage de l’Iran libre demain. C’est un destin radieux qui naîtra du soulèvement du peuple iranien.
La juste cause des jeunes insurgés pour la liberté
Chers amis,
Selon le plan du Conseil national de la Résistance iranienne, au plus tard six mois après le renversement de ce régime, une Assemblée constituante et législative nationale sera formée avec des élections libres, au suffrage universel, direct, égal et secret du peuple iranien. Dès que cette assemblée sera constituée, les travaux du Conseil national de la Résistance et du gouvernement provisoire qui en sera issu prendront fin, et l’Assemblée constituante devra se mettre à rédiger la Constitution de la nouvelle république.
Comme l’a déclaré le dirigeant de la résistance Massoud [Radjavi]: « L’issue de cette juste bataille est claire d’avance. Nous ne reviendrons pas au « passé » et ne resterons pas bloqués dans la situation « présente », l’« avenir » se réalisera à coup sûr. » Oui, une république libre et démocratique.
Il est temps que le Parlement européen appelle l’Union européenne et ses États membres à reconnaître la lutte du peuple iranien pour renverser le régime.
Nous les appelons à reconnaître la légitimité de la lutte de la jeunesse éprise de liberté et insurgée contre le régime des mollahs et les forces répressives, en particulier les Gardiens de la révolution, et à se tenir aux côtés du peuple iranien et de sa Résistance pour instaurer un Iran libre.
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