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18 Juin 2025

Discours dans une conférence au Parlement européen à Strasbourg – l’édification d’une véritable démocratie moderne

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Discours dans une conférence au Parlement européen à Strasbourg – l’édification d’une véritable démocratie moderne

Maryam Radjavi : l’édification d’une véritable démocratie moderne

Mesdames et Messieurs les eurodéputés,
Eminentes personnalités,

Je suis heureuse de vous voir dans la Maison des peuples d’Europe. Je vous remercie sincèrement d’être venus à cause des droits humains, de la résistance et de la liberté en Iran.
La guerre qui a éclaté aux premières heures du 13 juin, entame une période critique tant pour la situation en Iran que pour les événements régionaux. Je dois souligner que la guerre principale, qui dure depuis 44 ans, depuis exactement le 20 juin1981, est la guerre qui oppose la dictature religieuse au peuple iranien et à sa résistance. Et la solution à cette guerre est le renversement de ce régime par le peuple iranien et sa résistance.
En ce qui concerne la question du nucléaire, nous avons dit à plusieurs reprises à Khamenei et nous le répétons, qu’il n’hésite pas à négocier et à renoncer à la bombe atomique. Mais comme il l’a réitéré dans son message télévisé aujourd’hui, Khamenei ne l’acceptera pas, parce qu’il considère que la bombe atomique garantit sa survie et son hégémonie dans la région et que tout recul à cet égard est le chemin le plus court vers son renversement. Il en fait payer la totalité du prix à la population sans protection, et la plonge dans la guerre, l’angoisse, l’insécurité et le sans-abrisme pour préserver son régime. Mais le peuple iranien n’accordera plus d’opportunité à ce régime.
Dans deux jours, nous célébrerons l’anniversaire du déclenchement de la résistance nationale contre le fascisme religieux. Ce jour est également celui des martyrs et des prisonniers politiques iraniens.
Les mots « martyrs » et « prisonniers politiques » racontent à la fois l’histoire douloureuse de la perte des fleurs les plus éclatantes de la société iranienne, et symbolisent la résistance d’un peuple qui a refusé de se soumettre à une théocratie despotique. Il en paie le prix en gardant la tête haute et il est certain qu’il remportera la victoire et parviendra à la liberté.
Au cours des quatre dernières décennies, les mollahs ont rarement été aussi confrontés à la question de la survie de leur régime qu’ils ne le sont aujourd’hui. C’est pourquoi ils mènent une guerre contre le peuple iranien en procédant à d’innombrables exécutions. Depuis l’arrivée au pouvoir de Pezeshkian, 1350 prisonniers ont été pendus. Le nombre d’exécutions depuis le début de 2025 est de 650, soit deux fois et demie le nombre de l’an dernier pour la même période.
Environ une soixantaine de prisonniers politiques sont sous le coup d’une condamnation à mort. Nombre d’entre eux sont accusés d’avoir des liens avec les Moudjahidine du peuple d’Iran (l’OMPI). Leur crime est d’avoir appelé à une société libre, démocratique, équitable et bien ordonnée.
Les cris de protestation de notre peuple contre les exécutions s’amplifient de jour en jour. Des voix courageuses qui résonnent en Iran et dans le monde depuis plus d’un an.
En revanche, les agents de Khamenei intensifient les persécutions inhumaines envers les prisonniers sous divers prétextes.
Maryam Akbari-Monfared est en prison depuis 15 ans. Son seul crime est d’appartenir à la famille de Moudjahidine du peuple tombés martyrs. Son crime est d’exiger justice pour les victimes du massacre de 1988.
Les mollahs ne se sont pas contentés des exécutions en Iran et des assassinats à l’étranger. Parallèlement, ils organisent un procès par contumace contre l’OMPI et 104 membres et responsables de ce mouvement.
L’objectif est, d’une part, d’intimider la jeune génération qui se soulève contre le pouvoir et se tourne vers les unités de résistance. D’autre part, les mollahs préparent le terrain à des actes terroristes contre les résistants à l’étranger et exercent une pression sur leurs pays d’accueil.
Mais ni la torture des prisonniers ni les pendaisons ne peuvent empêcher le peuple iranien d’avancer vers une révolution démocratique. Comme l’a dit ces derniers jours Massoud [Radjavi, dirigeant de la Résistance iranienne]: « Le peuple iranien, mené par ses braves filles et fils, se prépare à la bataille ultime — un soulèvement pour renverser le régime. »[1]

La troisième voie

Depuis deux décennies, notre mouvement défend la troisième voie pour le problème iranien : la solution ne réside ni dans la complaisance avec les mollahs, ni dans la guerre ni dans une intervention militaire. Elle passe par un changement démocratique réalisé par le peuple iranien et sa résistance.
Le Conseil national de la Résistance iranienne, le CNRI, a approuvé un programme et des plans écrits pour l’Iran libre demain, il y a quatre décennies. Je les ai résumés dans un programme en dix points, que j’ai annoncé pour la première fois à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en 2006. [2]

Les grandes lignes de ce programme sont : l’instauration d’une république fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’autonomie des minorités ethniques, l’abolition de la peine de mort, un pouvoir judiciaire indépendant et un Iran dénucléarisé défenseur permanent de la paix au Moyen-Orient.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour expliquer les grandes lignes de cette vision :
Tout d’abord, ce programme envisage l’établissement d’une véritable démocratie moderne, garantie par la participation directe de tous les citoyens à la détermination de leur propre destin.
Le CNRI a réaffirmé son attachement à ces principes en reconnaissant formellement le droit du peuple à l’autodétermination et à la prise de décision
Nous estimons que le gouvernement doit être pleinement responsable devant le peuple et que la liberté de critique doit être autorisée sans restriction, de telle manière que nul ne puisse abuser de son pouvoir pour contraindre ou intimider la population.
Si la structure exacte de la gouvernance – aux niveaux national, provincial et municipal – sera établie par une Assemblée constituante, le principe sur lequel nous insistons est un système démocratique dans lequel aucune autorité ne détient de monopole et où le pouvoir politique est largement et équitablement partagé entre les citoyens.
Deuxièmement, l’un des plus grands défis auxquels les démocraties sont confrontées est la gestion des différences entre les tendances politiques.
Nous prônons un système pluraliste, mais comment la démocratie peut-il favoriser l’harmonie au milieu d’une telle diversité ?
Le CNRI propose une solution claire dans son programme : Tous les responsables doivent admettre que leur légitimité politique soit confirmée par des processus démocratiques – soumis à l’examen des sondages et des élections libres.
De plus, le CNRI souligne l’importance vitale de nourrir une culture politique fondée sur le libre dialogue public et sur la persuasion.
Notre principe directeur est que les droits des minorités ne doivent jamais être compromis.
Au contraire, les identités politiques, ethniques, religieuses et culturelles doivent se voir accorder des droits de citoyenneté à part entière et des possibilités significatives de participation politique.
Elles doivent également être habilitées à préserver, exprimer et promouvoir leurs valeurs, leurs croyances, leurs cultures, leurs langues et leurs aspirations historiques.
Ce n’est pas seulement essentiel pour construire une démocratie durable, mais aussi pour garantir l’unité et l’intégrité d’un Iran libre et ouvert à tous.
Troisièmement, quel processus envisageons-nous pour le transfert du pouvoir après la chute du régime, garantissant la démocratie ?
Le principe directeur de ce processus, défendu par le CNRI, est la démocratie elle-même.
Le gouvernement provisoire – issu du mouvement de la Résistance – sera temporaire, limité à un maximum de six mois.
Sa tâche principale sera d’organiser des élections libres et équitables pour une Assemblée constituante.
Cette Assemblée aura deux responsabilités essentielles : rédiger une constitution démocratique pour la nouvelle république et nommer un nouveau gouvernement pour gérer les affaires du pays.
Par conséquent, le nouveau gouvernement sera formé sur la base des décisions des représentants élus du peuple et sera pleinement responsable devant l’Assemblée constituante, tout en supervisant l’ensemble des organes exécutifs.
Quatrièmement, quels sont les fondements et les capacités de ce mouvement de Résistance à mettre en œuvre son programme ?
Cette Résistance a démontré ses capacités depuis plusieurs décennies : c’est un mouvement bien organisé avec un réseau national de milliers d’unités de Résistance à travers les villes iraniennes ; il jouit d’une indépendance financière et d’une autosuffisance ; et il est soutenu par une large base d’individus qualifiés et professionnels qui serviront de futurs cadres pour la construction d’un Iran libre.
La cité d’Achraf 3 en Albanie abrite les Moudjahidine de la liberté et un millier de femmes héroïques ; ces femmes qui occupent depuis quatre décennies les postes clés dans la Résistance. Leur présence et leur résistance inspirent les femmes en Iran dans la lutte pour la liberté.
Notre force réside dans une stratégie fondée sur des principes qui a mis à nu le mythe de la soi-disant « réforme » au sein du régime. En même temps, elle a tracé une ligne de démarcation claire avec la dictature précédente, rejetant fermement tout retour à la monarchie.
Avec le slogan populaire « Ni chah, ni mollahs« , la Résistance a élevé la lutte du peuple iranien au rang de mouvement pour un véritable changement démocratique.
Cette vision est le condensé d’une nation qui lutte pour la liberté et la démocratie depuis plus de 120 ans, depuis la Révolution constitutionnelle jusqu’à ce jour.
Notre objectif n’est pas de prendre le pouvoir à n’importe quel prix. Notre objectif est de garantir la liberté, la démocratie et le libre choix du peuple iranien, quel qu’en soit le prix.
Cette résistance est dédiée à la renaissance des principes humains et moraux.
Comme l’a dit Massoud Radjavi, le dirigeant de la Résistance iranienne, « notre mission est d’unir la politique à la dignité » . [3]

En ce moment critique, nous appelons le Parlement européen à prendre la tête de ces initiatives et à exhorter l’Union européenne à reconnaître la lutte du peuple iranien pour un changement de régime, ainsi que la légitimité de la bataille courageuse menée par la jeunesse iranienne contre le Corps des gardiens de la révolution.

[1] 13 juin 2025

[2] Discours dans une réunion à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, à Strasbourg, visite officielle de trois jours, du 10 au 12 avril 2006

[3] 21 juillet 2023

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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