27 Mar 2013

Discours au Parlement européen

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Discours au Parlement européen

La révolution en Syrie et la révolte de la population en Irak poussent l’alliance régionale des mollahs au bord de l’effondrement. Les dirigeants iraniens sont terrifiés par la vague du changement au Moyen-Orient et les progrès internes et internationaux de la résistance exacerbent l’inquiétude des mollahs. Pour empêcher son renversement inévitable, le régime a multiplié ses activités sur trois fronts.

D’une part, il ne recule devant rien pour massacrer le peuple syrien afin de sauver la dictature d’Assad. Tout comme il n’épargne aucun moyen pour défendre Nouri Al-Maliki face au soulèvement de la population en Irak.

D’autre part, il redouble d’efforts pour obtenir des armes nucléaires et se joue de la communauté internationale avec des négociations stériles, afin de gagner du temps pour son funeste programme.

Plus important encore, il a intensifié la répression sociale et politique, en donnant de nouvelles dimensions aux exécutions collectives. Le but majeur de cette répression est de détruire un mouvement de résistance qui détient la clé du changement. L’attaque du 9 février sur la prison de Liberty tuant des membres des Moudjahidine du peuple d’Iran s’inscrit dans ce cadre. La destruction de l’opposition organisée, spécialement à Achraf et à Liberty, est indispensable à la survie du régime.

Nous attendons une autre catastrophe à tout moment. Nous ne savons pas quand elle aura lieu, mais nous connaissons le lieu, le camp Liberty, et les victimes sont les 3.100 membres de la Résistance dans ce camp. Dans un communiqué le 11 février, les États-Unis ont déclaré que des attaques similaires peuvent se produire à n’importe quel moment. Le gouvernement irakien a souligné qu’il ne pourra pas empêcher des agressions similaires. Les agents du régime ont déclaré qu’ils attaqueraient à nouveau et les informations de la résistance montrent clairement que davantage d’attaques du régime iranien, avec l’aide du gouvernement irakien, sont en vue.

Quelle est la solution ? C’est de toute évidence le transfert de tous les résidents aux États-Unis ou dans un pays européen, même provisoirement, d’où ils pourront être réinstallés dans des pays tiers. Si ce n’est pas possible, et il semble que ce ne soit pas possible rapidement, la seule la solution est un retour temporaire des résidents à Achraf, qui offre une sécurité relative.

Pourtant, les États-Unis, l’ONU et l’Union européenne nous vouent à un processus de réinstallation au compte-gouttes. Et lorsque nous interrogeons sur le sort de l’immense majorité qui restera à Liberty sous la menace de tirs de roquette et de mortier, ils nous accusent de nous opposer à une réinstallation.

Le 4 mai 2011, après le massacre du 8 avril, M. Stevenson qui revenait d’Irak est venu à Paris, où nous avons eu une réunion de cinq à six heures. Il m’a fait part d’un premier plan du parlement européen de réinstallation des membres de la Résistance dans des pays tiers. J’ai réussi à convaincre les résidents d’Achraf se donner leur accord à ce plan et, depuis, nous avons entrepris un effort majeur pour le mettre en œuvre. Mais depuis le début de 2012 jusqu’à la veille de l’attaque à la roquette, seuls sept résidents ont été acceptés dans des pays tiers. Trois des huit martyrs du 9 février étaient des réfugiés politiques en Allemagne. Il aurait suffi que l’ambassade d’Allemagne renouvelle leurs passeports. C’est la triste vérité du projet de réinstallation.

Pourtant, ces mêmes pays ont exercé des pressions sur les résidents en publiant des communiqués à répétition et en assurant par écrit qu’ils seront en sécurité, pour qu’ils partent à la prison Liberty. Vous vous rappelez de tous des communiqués de Mme Ashton à cet effet. Un chœur bien coordonné pour tromper les habitants. Mais après le 9 février, plus personne ne doit s’attendre à nous tromper de nouveau et à ce qu’on poursuive la procédure précédente dans l’attente d’une nouvelle catastrophe. Permettez-moi de vous donner un exemple.

Au début de 2012, la Résistance iranienne s’est efforcée à Tirana, Washington et Genève de convaincre le gouvernement albanais d’accepter tous les résidents ou un grand groupe d’entre eux. Parallèlement, le HCR et les Etats-Unis suivaient ce dossier. En novembre dernier, le représentant américain nous a écrit que l’Albanie acceptait 210 habitants. Nos représentants se sont rendus à Tirana début janvier 2013 pour rencontrer le Premier ministre. Ils lui ont donné des assurances écrites comme quoi la résistance assumeraient toutes les dépenses de ceux qui étaient acceptés et ont demandé qu’un plus grand nombre de résidents puissent se réinstaller en Albanie. Le premier ministre était favorablement disposé à cette idée.

Les États-Unis et l’Albanie nous ont conseillé à juste titre de ne pas rendre ces démarches publiques pour empêcher le régime iranien d’interférer. Cependant, le 15 mars, la visite à Tirana du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Irak et l’annonce publique que 210 résidents étaient acceptés, ont sapé la possibilité de faire accepter un plus grand nombre de résidents. L’émissaire de l’ONU voulait utiliser cette question à des fins de propagande pour occulter le massacre du 9 février et l’urgence de la question de la sécurité des résidents lors de la session du Conseil de sécurité en éclipsant la protection et la sécurité des résidents.

Depuis décembre dernier, les représentants des résidents ont fourni à l’ONU, à l’Albanie et aux Etats-Unis une liste de malades et de résidents prioritaires en matière de réinstallation et attendaient leur transfert.

Toutefois, la situation a radicalement changé après l’attaque du 9 février. Les résidents ne sont pas enclins à quitter Liberty d’un point de vue moral, politique et humanitaire en laissant la grande majorité de leurs frères et sœurs sous une pluie de roquettes et de mortiers. Ils veulent quitter l’Irak en même temps que le reste des résidents ou être transférés à Achraf où ils auront une sécurité relative.

Depuis 47 jours, le gouvernement irakien s’est abstenu de prendre des mesures de sécurité minimales à Liberty. Des mesures extrêmement simple pour réduire le nombre de victimes en cas de nouvelles attaques :

– Le retour des 17.500 murs de protection en forme de T, retirés du camp par les forces irakiennes après l’arrivée des habitants ;
– Faire venir d’Achraf les casques, les gilets de protection et les équipements médicaux à Liberty ainsi que de permettre aux habitants de commencer des travaux et d’étendre la zone du camp.

C’est un minimum à portée de la main, si le gouvernement irakien n’était pas mal intentionné, ces mesures pourraient être prises immédiatement.

Néanmoins, j’ai demandé personnellement aux malades et à ceux dont la réinstallation est prioritaire, d’accepter le transfert en Albanie, malgré leur réticence personnelle.

A présent, si Kobler veut faire de l’Albanie un prétexte pour garder les résidents sous les tirs de roquettes et de mortiers, sans résoudre la question de sécurité et leur dicter une réinstallation au compte-gouttes, c’est ouvrir la voie à un quatrième massacre et personne ne l’acceptera.

Vous vous souvenez que durant tout 2012, nous avons été confrontés à un chœur coordonné lancé par Kobler et suivi par le Secrétaire général de l’ONU, le département d’Etat américain, Mme Ashton et certains gouvernements européens qui nous demandaient de donner l’ordre aux résidents d’Achraf de partir à la prison de Liberty. Mais ils ne comprennent pas que ces personnes prennent elles-mêmes leurs décisions.

Quand nous avons fait part de nos inquiétudes sur la sécurité à Liberty, ils ont garanti la sécurité et la santé des habitants à Liberty, ce qui s’est par la suite révélé sans la moindre valeur.

A présent le même chœur s’est remis à chanter : les lettres de Kobler et son discours honteux au Conseil de sécurité, la position du département d’Etat américain et de Mme Ashton. Donnez l’ordre aux 210 personnes, soit 6% des habitants, de partir en Albanie et d’abandonner les 94% sous les tirs de roquettes et de mortiers à Liberty !

Messieurs, il est temps que vous compreniez et respectiez le libre choix des résidents de Liberty. Ils ne reçoivent d’ordre de personne. Nous pouvons leur parler et leur recommander quelque chose, mais c’est à eux de faire leur propre choix et de décider.

Au Conseil de Sécurité, au lieu de dire où sont passées la santé et la sécurité qu’il avait promises, au lieu de rapporter que le gouvernement irakien refusent d’autoriser le minimum de mesures de sécurité à Liberty, au lieu de porter à la connaissance du Conseil de Sécurité la situation sanitaire épouvantable à Liberty, au lieu de dire que la réinstallation rapide et le projet de Lieu de Transit Temporaire a échoué, Martin Kobler veut que nous donnions l’ordre aux résidents d’Achraf de partir à l’abattoir de Liberty et de demander à ceux qui sont déjà là-bas de renoncer à leur sécurité, de se contenter d’une réinstallation au compte-gouttes et d’attendre le prochain carnage.

Je lui ai dit à plusieurs reprises que rien dans notre mouvement ne se fait sur ordres. Si M. Kobler aime vraiment la culture des commandements et de l’obéissance aveugle, permettez-moi de lui donner l’ordre, au nom de l’humanité, de ne pas faire le commerce du sang ni de jouer avec la vie des êtres humains, ni de les forcer à capituler devant la dictature religieuse, et de laisser immédiatement sa place à une personne impartiale qui ne sera pas un facilitateur de crime contre l’humanité et d’expulsions forcées et qui n’entassera pas 3.100 réfugiés dans un trou du nom de Liberty sous les tirs de mortiers et de roquettes sans même des casques et des gilets de protection.

Ce que je recommande aux combattants de la liberté, après trois massacres, c’est de résister pour obtenir leurs droits fondés sur la quatrième Convention de Genève et les lois des réfugiés. Le manuel du HCR stipule que lorsque les réfugiés sont attaqués, ils doivent être réinstallés en lieu sûr, c’est-à-dire le camp d’Achraf.

Je demande au Parlement européen et aux grands amis de la Résistance iranienne, qui tout au long de ces années ont toujours dirigé la campagne de protection d’Achraf, de ne pas permettre que les Achrafiens soient à nouveau victimes de ces pressions injustes et de ce chœur.

Permettez-moi encore une fois et en termes clairs de demander à l’Union européenne et à Mme Ashton de prendre des mesures urgentes : soit transférez provisoirement tous les habitants dans un pays européen soit facilitez leur retour à Achraf.

Le peuple iranien n’oubliera jamais les efforts déployés par les membres courageux de ce parlement pour la défense de la résistance du peuple iranien, en particulier les hommes et les femmes de Liberty et d’Achraf épris de liberté. Ces efforts affermissent les bases des futures relations entre l’Iran et l’Union européenne.

Je suis sûr que ces jours sombres passeront, comme l’hiver qui passe en laissant sa place au printemps. J’espère que comme le printemps de la nature, le printemps de la liberté du peuple iranien arrivera et que le peuple iranien pourra instaurer une république basée sur la séparation de la religion et de l’Etat, l’égalité entre des femmes et des hommes, et le respect des libertés de toutes les ethnies, langues, religions et opinions.

Je vous remercie.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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