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09 Fév 2018

L’Europe doit mettre fin à son silence et sa passivité face aux crimes du régime en Iran

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L’Europe doit mettre fin à son silence et sa passivité face aux crimes du régime en Iran

Le 9 février, une conférence intitulée « Le soulèvement du peuple iranien, appel international à la libération des manifestants emprisonnés », s’est déroulée à Auvers-sur-Oise en présence de Maryam Radjavi, de personnalités et de nombreux parlementaires.

Ces derniers, qui venaient de Grande-Bretagne, d’Irlande, d’Italie, d’Allemagne, de Lituanie, de Suisse, de Pologne et de Malte, ont pris la parole. Lors de son intervention, Maryam Radjavi a déclaré :

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue dans la maison de la Résistance iranienne. Je suis ravie de vous voir et de cette occasion de dialoguer sur les bouleversements en Iran.

La situation est très volatile en Iran et je voudrais aborder aujourd’hui quatre sujets. Je serai ensuite heureuse d’écouter vos points de vue.

Ces quatre points sont :
– Le soulèvement qui marque un tournant en Iran
– Une évaluation de la situation du régime face au soulèvement
– Le rôle de la résistance dans les bouleversements et la garantie de stabilité, de paix et de sécurité.
– Et enfin, la bonne politique que l’Europe devrait adopter vis-à-vis de l’Iran.

Nous disons que le soulèvement marque un tournant, ce qui veut dire que la situation ne reviendra pas en arrière. Ce qui a débuté le 28 décembre dernier en Iran, dépasse les simples manifestations de protestation contre les problèmes économiques, c’est un mouvement à l’échelle nationale contre l’ensemble de la dictature religieuse.

Ce soulèvement possède plusieurs caractéristiques :

La première caractéristique, c’est son développement et la grande vitesse à laquelle les manifestations se sont étendues. Il aura fallu à peine quelques jours pour toucher 142 villes.

La seconde caractéristique, c’est la base de ces protestations. C’est l’échec total du régime des mollahs à résoudre les problèmes les plus élémentaires de la société, le fléau du chômage, la cherté de la vie et en même temps, la répression sociale et politique, la corruption financière et juridique dans laquelle il est plongé tout entier.

La politique d’ingérence des mollahs dans la région se trouve dans une impasse, les ressources du régime se tarissent sérieusement, ce qui commence à avoir des effets négatifs dans le pays.

Le point important, c’est que non seulement ces raisons fondamentales demeurent, qu’elles se sont intensifiées et que le pouvoir n’est pas en mesure de les résoudre. Seule un changement politique sérieux est capable de régler cette crise et le régime en est totalement incapable.

La troisième caractéristique, c’est que le noyau central qui génère ces protestations, sont les femmes et les couches sociales dont le régime prétendait qu’elles formaient sa base, allégation que l’Occident a crue. Il s’agit de cette couche défavorisée, excédée par l’oppression que lui fait subir de la dictature religieuse.

Les déshérités et les femmes sont tellement écrasés par cette répression et ces discriminations, qu’ils n’ont plus rien à perdre et sont prêts à payer le prix de s’opposer au régime.

Les clips des manifestations montrent que dans de très nombreux endroits, les femmes étaient à l’avant-garde. Le numéro deux du corps des pasdaran a dit la semaine dernière que les femmes, en particulier les femmes des Moudjahidine du peuple, dirigeaient les protestations dans de nombreuses villes.

En 39 ans de régime des mollahs, les femmes ont été et restent la cible d’un maximum de pressions. Le voile obligatoire, la répression et l’humiliation sous prétexte du voile, figurent au nombre des principaux prétextes du régime pour opprimer la société.

Comme l’a souligné dès le premier jour l’organisation des Moudjahidine du peuple, la religion obligatoire et les contraintes religieuses, tout comme le voile obligatoire sont clairement contraires aux enseignements de l’islam authentique.

Les sondages effectués par le pouvoir dans les années passées et qui ont été dévoilés ces derniers jours, montrent que l’immense majorité des femmes en Iran sont opposées au voile obligatoire. Cela alimente la colère et la haine des femmes envers la dictature religieuse. En vérité, les femmes sont une force explosive dotée d’un potentiel puissant pour la révolte et le renversement de ce régime.

La quatrième caractéristique de ce soulèvement, c’est que les slogans des manifestants visaient le régime dans sa totalité : « A bas Khamenei » et « A bas Rohani », disaient-ils, et « réformateurs, conservateurs, la partie est terminée ».

La cinquième caractéristique de ces protestations, c’est le fait qu’elles étaient organisées. Elles se sont étendues à 142 villes avec des slogans identiques. Ce n’était pas et ne pouvait pas être le fruit du hasard.

Les slogans des gens étaient les revendications pour lesquelles la Résistance iranienne se bat depuis des années.

Le guide suprême du régime, Khamenei, a dit officiellement que l’OMPI avait organisé ces protestations et les avait préparées depuis des mois.

Rohani a téléphoné au président français pour lui dire que l’OMPI se trouvait derrière les événements en Iran et lui a demandé de limiter les activités de la Résistance. Le vice commandant des gardiens de la révolution a dit que le maillon principal des troubles était l’OMPI.

Nous sommes convaincus que le soulèvement, quels que soient les difficultés, va continuer. Certes, comme il l’a fait jusqu’à présent, le régime va tout faire pour réprimer les manifestations. Jusqu’à présent 50 personnes ont été tuées, dont au moins 12 sous la torture, et plus de 8000 arrêtées.

Il y a quelques jours, un député du régime a cité le directeur de l’organisation pénitentiaire confirmant l’arrestation consignée de 4972 manifestants. Cette confirmation officielle montre que le chiffre réel est bien plus élevé que 8000.
Malgré tout, le régime n’a pas été en mesure d’arrêter les protestations.

Certes, les protestations vont connaitre des hauts et des bas mais ne s’arrêteront pas. Comme vous l’avez vu, au bout de deux semaines relativement calmes, à nouveau les 31 janvier et 1 février, plusieurs villes en Iran ont été le théâtre de protestations avec les mêmes slogans rejetant de la totalité du régime.

Parallèlement, les protestations ouvrières et des épargnants spoliés ont lieu tous les jours.

Chers amis,
Le régime en Iran est plus affaibli que jamais. Même au sein des gardiens de la révolution et de la milice du Bassidj sur lesquels le régime s’appuie pour se maintenir en place, on peut voir des signes d’inquiétude et de frayeur.

Durant le soulèvement, un certain nombre de miliciens ont brulé leur carte du Bassidj et ont rejoint les manifestants. Certaines personnes tuées par les forces du régime pendant le soulèvement, venaient de familles de miliciens.

Le régime est si faible qu’il n’a même pas la capacité d’envoyer des pasdaran en Syrie, et c’est pourquoi il a recours à des mercenaires étrangers, non iraniens.

En un mot, le facteur qui a généré le soulèvement, reste en vigueur et s’intensifie. Le mur de la peur est fissuré et plus rien, ni les arrestations, ni les tueries, ni la torture, ne pourra empêcher d’avancer le soulèvement pour le renversement de ce régime. Le régime des mollahs est condamné à être renversé.

La Résistance iranienne incarne la garantie d’un Iran libre ainsi que de la stabilité et de la tranquillité dans la région.

J’ai fait allusion à des déclarations des autorités du régime sur le rôle de l’OMPI dans le soulèvement, mais le rôle de la Résistance était bien plus important que cela.

En fait, en Iran, il existe une alternative démocratique dotée d’une base populaire qui est en mesure de créer un changement, qui est dotée de plans et d’une structure précise pour l’Iran de demain et c’est pourquoi le régime en a si peur.

Le régime et ses lobbies s’efforcent d’effrayer la population et la communauté internationale en agitant la menace d’une répétition en Iran d’un scénario de guerre civile à la syrienne, pour l’aider à rester au pouvoir.

Mais en réalité, c’est l’existence de cette alternative puissante et enracinée qui garantit l’unité de l’Iran.

Le régime des mollahs et ses lobbies cachent cette réalité avec démagogie : le principal facteur de crise et de tueries en Syrie, c’est le régime iranien.

Avec la montée du soulèvement en Iran et le renversement des mollahs, non seulement l’Iran ne connaitra pas le même sort que la Syrie, mais la crise en Syrie, en Irak et ailleurs dans la région sera remplacée par la paix, la tranquillité et la démocratie.

Nous voulons un Iran libre et démocratique, avec la séparation de la religion et de l’Etat. Nous voulons l’égalité des droits et le droit à l’autonomie pour toutes les minorités ethniques dans le cadre de l’intégralité territoriale de l’Iran. Nous voulons l’égalité des femmes et des hommes, la fin du voile obligatoire et de toutes les lois barbares contre les femmes.

Pour finir, la question est de savoir quelle est la bonne politique que l’Europe devrait adopter ?

Le 24 janvier, à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg, j’ai appelé le Conseil de l’Europe, l’Union européenne et leurs Etats membres à prendre des mesures efficaces et des décisions pour contraindre la dictature religieuse à libérer les manifestants emprisonnés, à la liberté d’expression et à mettre fin à la répression des femmes et au voile obligatoire.

Toute relation avec ce régime doit être conditionnée à la fin de la répression. Seuls la dictature religieuse et le corps des pasdaran tirent profit des échanges économiques, et les utilisent pour renforcer la répression en Iran et la guerre dans la région.

La déstabilisation régionale, selon l’expérience des années passées, a mis aussi l’Europe sous pression avec des attaques terroristes.

Nous disons que 39 années d’effusion de sang et de crimes, de discrimination et de répression des femmes, d’oppression et de censure, ça suffit !

L’Europe doit mettre fin à son silence et sa passivité et prendre ses distances avec le régime.

Ce régime n’a pas d’avenir et la complaisance avec lui, rend le prix de la liberté plus cher à payer pour le peuple iranien, et rend la guerre et la crise dans la région encore plus longues. Mais cela ne pourra pas empêcher le renversement de ce régime par le peuple iranien. Tout comme le soutien total des Etats-Unis et des pays occidentaux au chah jusque dans les derniers mois, n’a pu empêcher son renversement.

Je vous remercie toutes et tous, et je serai très heureuse de vous écouter.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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