13 Avr 2023

Message de Maryam Radjavi pour le décès de Mgr. Jacques Gaillot

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Message de Maryam Radjavi pour le décès de Mgr. Jacques Gaillot

Jacques Gaillot, symbole des valeurs humaines et de fraternité entre les religions

Mgr. Jacques Gaillot, un des protecteurs et soutiens fidèles de la Résistance iranienne n’est plus de ce monde. C’est avec tristesse que j’ai appris son départ vers l’au-delà à la suite d’une maladie foudroyante. Je présente mes plus sincères condoléances à ses proches ainsi qu’à tous ses amis.
Avec son éternel sourire, son regard profond et ses paroles courtes mais si riches, il réconfortait les cœurs.
Dans ses paroles mais aussi dans la pratique, il incarnait les valeurs humaines et la fraternité entre les religions.
Il croyait à la responsabilité de l’être humain face à l’univers et cela avait fait de lui un résistant, un rebelle contre l’injustice.
C’est pourquoi il faisait partie intégrante de ce front de ceux qui œuvrent pour la justice, aux côtés de le Résistance iranienne. Il avait été un des premiers à nos côtés dans les moments difficiles.
Dans une des lettres qu’il m’avait adressées, il décrivait sa foi dans la victoire du peuple iranien en disant « qu’il reste toujours des combats, mais l’espoir est toujours là ».

Jacques Gaillot était comme un frère plein d’affection pour les résistants iraniens, comme le fut l’Abbé Pierre. Après son décès, il avait promis de tenir le même rôle d’ange gardien pour les résistants iraniens.
Son amitié ne datait pas d’hier. En 1987 quand le gouvernement français marchandant avec la dictature des mollahs avait expulsé illégalement vers le Gabon des réfugiés politiques iraniens, Jacques Gaillot avait été l’un des premiers aux côtés de Danielle Mitterrand à se rendre au chevet des grévistes de la faim près du HCR à Paris réclamant le retour en France de ces exilés forcés.

L’amitié qu’il avait tissée avec la Résistance iranienne ne s’est jamais rompue. Quand le 17 juin 2003, une fois de plus, le gouvernement français de l’époque en complicité avec le régime des mollahs a raflé des réfugiés iraniens et des membres du Conseil national de la Résistance iranienne, Mgr. Gaillot a de nouveau été l’un des premiers à accourir à Auvers-sur-Oise pour soutenir la Résistance.
Il s’est ensuite impliqué totalement dans la protection des membres des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), à la cité d’Achraf et au camp Liberty en Irak, victimes de massacres successifs commis par les forces du régime des mollahs et leurs supplétifs irakiens.
Il a également été un des soutiens actifs dans les batailles juridiques et politiques qui ont fait sortir l’OMPI des listes noires de l’UE et qui ont lavé à jamais lu mouvement de la marque infamante de terroriste.

En 2015 à l’occasion des 50 ans de l’OMPI, il avait envoyé ce message aux membres, militants et sympathisants du mouvement : « Mes amis, pour ce bel anniversaire des noces d’or de la Résistance iranienne, j’ai un message qui me tient à cœur : aller jusqu’au bout. Vous savez, quand on rentre en résistance, c’est le fait de durer qui est impressionnant. Quand au bout de 50 ans, je rencontre des Iraniens qui résistent toujours, ça c’est formidable ! »

Il n’a jamais hésité à dénoncer le massacre de 30.000 prisonniers politiques en 1988, pour la plupart des militants de l’OMPI. Il a déclaré à ce propos en 2018 : « Ce massacre sans pitié de ces milliers de jeunes prisonniers politiques est un crime contre l’humanité qui fera date dans l’histoire. Une telle tragédie ne peut pas rester cachée, elle ne peut pas non plus rester impunie ». Il avait ajouté : « Ceux qui ont pris la responsabilité de faire mourir tant de martyrs, ainsi que des résistants d’Achraf, avait sans doute oublié que les martyrs sont des semences de vie, des semences de révolte ; ils avaient oublié que leur mort ne serait pas vaine. Aujourd’hui nous recevons du courage, de la lumière de ces martyrs et nous continuons leur lutte ».

Lors de ses nombreux passages à Auvers, au siège du Conseil national de la Résistance iranienne, il ne manquait jamais de partager quelques mots d’encouragement, de fraternité et d’humanité imprégnés de sa foi profonde.
Quand je l’ai rencontré le 5 mai 2017 pour le féliciter de la déclaration au Caire du Pape François et du Mufti d’Al-Azhar sur la fraternité entre les musulmans et les chrétiens, appelant les fidèles des diverses religions à être solidaires face à l’extrémisme et au terrorisme, il a déclaré « l’islam est une religion de fraternité ».

Il comprenait notre vision qu’il qualifiait « d’un islam tolérant et démocratique qui n’est pas celui de ceux qui propagent l’extrémisme sous le couvert de l’islam ».
Il prédisait : « Je pense qu’un Iran libre, débarrassé des griffes des fondamentalistes religieux, aura un rôle déterminant pour mettre fin à l’extrémisme religieux et propager la paix et la fraternité dans cette région et dans le monde. »

Son amour pour les Moudjahidine du peuple qu’il a défendus durant de longues années, l’a conduit à aller à leur rencontre en juillet 2016 en Albanie.
Le 15 décembre 2018 lors d’une conférence internationale au siège de la résistance, il a noté : « Quand je suis parmi vous, je me sens en famille. Et je suis aussi en famille à Achraf-3 (la cité des Moudjahidine du peuple en Albanie), dont je ne peux effacer la rencontre inoubliable que j’ai eue avec eux, il y a quelques années ».

Ces paroles qu’il avait prononcées la même année gardent toute leur actualité : « un peuple en ce moment se soulève, dont une jeune génération. Il se soulève pour renverser un régime qui prend peur. On n’arrête pas le destin d’un peuple. Les martyrs ont semé dans les larmes, et bien, nous moissonnerons dans la joie ! ».

Dans ses adieux à la résistance iranienne quelques jours avant son envol, il a dit : « Mon cœur est au peuple d’Iran. Je vais m’en aller en pensant à ce peuple qui a tant souffert (…) »
Dans cet ultime message émouvant, il a exprimé sa philosophie en une phrase, comme un testament : « L’humain d’abord et partout en toute circonstance ; il faut défendre l’humain et ne jamais passer à côté d’une libération possible. »
Il disait que « l’Autre est un frère ». Il fut un véritable frère pour nous et notre peuple opprimé qui ne l’oubliera jamais.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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