10 Déc 2011

Discours à la conférence international de Paris

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Discours à la conférence international de Paris

Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale des droits humains et le 63e anniversaire du jour où l’Assemblée générale de l’ONU a fait de la Déclaration universelle des droits de l’homme « un but commun pour toutes les nations ».

Nous rendons hommage à l’ensemble des femmes et des hommes courageux qui se sont battus pour cet idéal. Aujourd’hui résonne à nouveau la voix du Pr. Kazem Radjavi, le grand martyr de la cause des droits de l’homme en Iran, lorsqu’il disait : « Nous écrivons la véritable histoire des droits de l’homme avec notre sang ».

Les braves et les héros, comme les 120.000 fils et filles de la nation iranienne, exécutés ces trente dernières années par les mollahs, notamment 30.000 prisonniers politiques dans un massacre en 1988, ont fait des droits de l’homme un idéal de combat d’avant-garde. Et les femmes et les hommes à Achraf, qui persévèrent dans la situation la plus difficile et des circonstances de vie et de mort, sont les porte-drapeaux de cet idéal. Le message des résistants à Achraf et le message des insurgés en Syrie et dans tout le Moyen-Orient est le suivant : les dictateurs ne peuvent plus sous le prétexte de la souveraineté écraser les peuples qu’ils gouvernent dans le sang et le malheur.

La progression de l’idéal des droits humains dans le monde d’aujourd’hui se heurte à un mur épais de politiques et d’intérêts rétrogrades. D’un côté, des dictateurs qui conservent leur pouvoir par la répression et le crime. De l’autre côté, des gouvernements et des dirigeants qui, par lâcheté ou pour des intérêts mesquins, se taisent face à cette sauvagerie. Les pendaisons de jeunes dans les rues d’Iran, les tortures barbares des prisonniers politiques par les bourreaux de Khamenei, le blocus inhumain d’Achraf et la torture psychologique de ses habitants au moyen de 300 haut-parleurs qui hurlent 24h/24, se font sous les yeux du monde entier. Le silence face à ces tragédies, encourage les tyrans chancelants. Il faut mettre fin à ce silence.

Chers Amis,

Malgré les intrigues et les pressions du régime iranien et du gouvernement à sa solde en Irak, le monde se tient aujourd’hui aux côté des Achrafiens. Il y a quatre jours, au Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant spécial du Secrétaire général a demandé le report du délai répressif fixé par le gouvernement irakien. Il a demandé la protection des habitants du camp et souligné que toute solution sans l’aval des Achrafiens n’était pas acceptable.

Il y a trois jours, dans une audition vigoureuse au Congrès américain, les parlementaires des deux partis ont vivement critiqué l’inaction du gouvernement américain et condamné d’une seule voix l’échéance du gouvernement irakien et l’idée d’un déplacement forcé.

Hier, la baronne Ashton, responsable de la politique étrangère de l’UE, a donné la priorité à la sécurité des Achrafiens.

Ces derniers jours, un nombre croissant de gouvernements, comme la Hollande, le Canada, la Belgique et la Grande-Bretagne, ont demandé le report de la date butoir fixée par le gouvernement irakien. Avant eux, le Parlement européen, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et beaucoup de parlements dans le monde ont fait de même. La commission des droits de l’homme du parlement irakien, 85 députés irakiens, et de hautes personnalités de ce pays, comme le vice-président irakien et le vice-premier ministre, ont rejeté cette date butoir et vigoureusement condamné tout déplacement forcé. Et dans une déclaration signée jusqu’à présent par un million cinquante mille personnes, la population irakienne souligne que « le délai pour fermer Achraf et déplacer de force ses habitants à l’intérieur de l’Irak est un prélude à une nouvelle attaque ». Oui, le monde, d’une seule voix, atteste du juste droit des habitants sans défense et résistants d’Achraf et de leur oppression.

Si les positions de la Résistance iranienne et des Achrafiens ne reposaient pas sur la liberté, la vérité et la justice, le monde ne leur aurait pas apporté un tel soutien.

Mais au fait que veulent les Achrafiens ?

Outre le rejet de la date butoir criminelle du gouvernement irakien, quels sont ces principes qui n’admettent pas de compromis qui assurent un minimum de protection aux Achrafiens ?

– Le premier, c’est le principe fondamental de préserver la vie et la sécurité des habitants d’Achraf. Quel que soit le plan, les Achrafiens doivent être protégés et dotés de garanties acceptables, par l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne, y compris des casques bleus de l’ONU, ou même des forces américaines et de l’Union européenne.
– Le deuxième, c’est que les Achrafiens n’accepteront aucune force armée irakienne à l’intérieur du camp. Spécialement pour la sécurité et le bien-être des mille femmes d’Achraf, les forces irakiennes ne doivent intervenir en aucune manière dans leurs vies jusqu’à ce que tous les habitants soient transférés dans des pays tiers.
– Le troisième, comme le soulignait le rapport du Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, toute solution pour Achraf doit être acceptable par les deux parties, les Achrafiens et le gouvernement irakien.
– Et le quatrième, le blocus et toutes les mesures restrictives et menaçantes, comme l’ensemble des décrets et des mandats d’arrêts et de déportation, doivent être levés.

Chers Amis,

Les Achrafiens ont annoncé à plusieurs reprises qu’ils sont prêts à accepter toute solution autre que l’anéantissement ou la capitulation. Ils ont accepté le plan du Parlement européen pour être réinstallés dans des pays tiers. Ils ont présenté sept plans comme autant d’alternatives. Ils ont redéposé une demande d’asile et actuellement ils sont considérés par l’ONU comme des demandeurs d’asile. Ils ont toujours été et restent prêts à négocier et comme dans les mois passés, ils sont prêts à collaborer pleinement avec l’ONU. En s’appuyant sur l’aide de leurs compatriotes, ils assumeront tous les frais nécessaires pour des forces de protection.

Ils respectent la souveraineté nationale de l’Irak, mais cela ne signifie pas qu’ils iront volontairement à l’abattoir. Comme l’a dit le représentant du Secrétaire général mardi au Conseil de sécurité de l’ONU, la souveraineté ne peut en aucun cas servir de prétexte aux violations systématiques des droits humains internationaux, du droit humanitaire international et des droits des réfugiés. Des droits qui, pour les Achrafiens, ont été violés sauvagement et systématiquement ces trois dernières années.

D’autre part, toute la flexibilité déployée par les Achrafiens, la totalité des initiatives des gouvernements et de l’ONU, l’ensemble des appels d’Amnesty et des autres ONG au gouvernement irakien se sont heurtés à des obstructions incessantes, un travail de sape et l’arrêt des procédures du HCR et des efforts pour interchanger la place du bourreau et de la victime et culpabiliser les Achrafiens.

Le gouvernement irakien a montré jusqu’à présent qu’aucune de ses promesses ni aucun de ses engagements donnés à l’ONU ne sont dignes de confiance :
– Parce que depuis trois mois, il fait obstruction aux efforts de l’ONU pour réaffirmer le statut de réfugiés des Achrafiens.
– parce qu’il a récusé les positions de l’ONU, qui reconnait notamment les Achrafiens comme demandeurs d’asile bénéficiant d’une protection de base.
– Parce qu’il a complètement ignoré la demande du HCR et du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU de reporter la date butoir.
– Parce qu’il n’a pas accepté la demande du Haut commissariat aux droits de l’homme de mener une enquête impartiale sur la tuerie du 8 avril.
C’est pourquoi dans toute solution touchant à l’avenir des Achrafiens, la communauté internationale doit garantir la protection des vies et la sécurité des Achrafiens.

Discours à la conférence international de Paris

Chers Amis,

Le gouvernement irakien cherche à dissimuler ses attaques brutales et répétées d’Achraf, notamment deux massacres, sous le slogan de la souveraineté. Est-ce que les 300 haut-parleurs installés autour d’Achraf par les services de renseignement des mollahs ou les stations d’écoutes et de brouillages portant le sigle des pasdaran, sont des signes de la souveraineté de l’Irak ? Et, comme le disait les commandants américains, le fait que la politique en Irak soit décidée par la Force Qods reflète la souveraineté de quel pouvoir ?

Depuis le transfert de la responsabilité de la protection d’Achraf au gouvernement irakien, l’entrée dans le camp de tous les besoins des Achrafiens se fait sous le contrôle sévère et répété des agents de sécurité. Mais le gouvernement irakien, sous prétexte de souveraineté, a imposé des règlements de prison à Achraf. Sous prétexte de souveraineté, le gouvernement irakien a transformé l’hôpital du Nouvel Irak près d’Achraf en un centre de torture.

Hier encore, le régime des mollahs a fait venir une de ses bandes de malfaiteurs qui est une branche de la Force Qods, à côté d’Achraf pour manifester, avec le soutien du gouvernement irakien. Ils ont lancé des pierres et des briques sur les Achrafiens et ont réagi au soutien international dont bénéficient ces habitants.

Dans ces conditions, si la souveraineté de l’Irak n’est pas un prétexte pour mettre en œuvre les demandes du régime iranien et éliminer les Achrafiens, alors de quoi s’agit-il ?

C’est pourquoi nous avons sans arrêt souligné la responsabilité des Etats-Unis dans la crise d’Achraf et nous les appelons à assurer et garantir la protection des Achrafiens selon le droit international. Nous les appelons à empêcher le déplacement forcé des Achrafiens sans défense, ce qui est aussi, bien entendu, de la responsabilité et à la portée des Américains. Je dois souligner, après la visite de Maliki aux USA, tout crime perpétré par le gouvernement irakien contre les droits des Achrafiens, sera doublement partagé par les Etats-Unis.

Les Etats-Unis sont responsables :
– parce que la crise actuelle d’Achraf résulte directement de la guerre de l’Amérique en l’Irak
– parce qu’ils ont signé avec chacun des Achrafiens un accord pour les protéger
– Parce qu’ils ont transféré la protection d’Achraf à un gouvernement dont l’hostilité aux Achrafiens est manifeste
– parce qu’ils ont signé un document de l’ONU sur la Responsabilité de Protéger et qu’ils doivent intervenir pour empêcher un crime contre l’humanité à Achraf.
– Parce qu’ils ont joué un rôle majeur dans la formation du gouvernement actuel de l’Irak.
– Parce que sur le plan moral et humain, ils ne doivent pas rester immobiles face à un crime qu’il est possible d’éviter.
Et enfin, je rappelle que si l’Amérique n’agit pas conformément à sa responsabilité légale et morale, ce sera la plus grande concession offerte aux mollahs.

Il s’agit de quelque chose que le peuple américain ne laissera pas passer lors de la prochaine élection. La sauvegarde des vies des Achrafiens est un point clair. Leur droit à la vie n’est pas quelque chose hors de portée ou d’irréalisable. Comme l’a souligné dans la dernière réunion du Conseil de sécurité le représentant spécial du Secrétaire général, il faut protéger la vie des Achrafiens.

Jetez aux ornières les évaluations sans fondements, dépassées et de courte vue des experts des ministères des Affaires étrangères qui satisfont le fascisme religieux.

Cessez la passivité devant la volonté malveillante des mollahs et de leurs affidés en Irak ! Sous prétexte de la souveraineté de l’Irak, ils veulent s’offrir le droit de commettre des crimes contre l’humanité. Ne capitulez pas devant leurs exigences, ne trempez pas dans le sang versé des enfants du peuple iranien et remplissez votre engagement vis-à-vis des lois internationales et du principe de responsabilité de protéger !

Chers amis,
En cette Journée internationale des droits humains, bien que le peuple opprimé d’Iran souffre depuis longtemps dans les prisons et dans toute la société, nous sommes convaincus que la résistance et la persévérance du peuple iranien réussiront à vaincre la bête immonde, à libérer l’ange de la liberté et à ressusciter les droits de l’homme trahis en Iran.

Je terminerai par un hommage appuyé aux courageux Iraniens qui mènent depuis des mois à Genève et à Washington des sit-in en défense d’Achraf ou qui se mobilisent nuit et jour à travers le monde pour cette campagne.

Je leur rappelle les paroles de Massoud Radjavi, dirigeant de la Résistance iranienne : « « vous incarnez la flamme de l’honneur et de la résistance d’un peuple enchainé. » et a-t-il ajouté : « la force de la conscience et de la résistance de notre nation finira par gagner. »

Je vous remercie.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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