Iran : Pourquoi les mollahs pourraient bientôt commettre de nouveau des exécutions de masse ?

Depuis plusieurs mois, la République islamique d’Iran accélère les exécutions d’opposants au régime iranien. Le signe d’un régime à bout de souffle qui cherche à se maintenir coûte que coûte et devrait inquiéter l’Occident.
« Pourquoi les exécutions de 1988 devraient-elles être répétées ? »
Voici le titre d’un édito publié le 7 juillet par l’agence de presse (semi-officielle) iranienne Fars qui devrait inquiéter Les médias occidentaux. Ces derniers mois, l’Iran connaît une explosion terrifiante des Exécutions et des arrestations d’activistes politiques.
Le 27 juillet, deux membres de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI), un des principaux mouvements de résistance contre le régime des Mollahs, Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani, sont condamnés à la peine capitale. Au cours du seul mois de juillet, le régime a exécuté plus d’une centaine de personnes. En 2024, au moins 975 personnes ont été condamnées à la peine de mort par le régime, selon les conclusions de l’ONG française Ensemble contre la peine de mort (ECPM).
Les crimes de 1988 reconnus comme un « génocide »
Les exécutions du 27 juillet coïncident avec l’anniversaire du massacre de 30 000 personnes en 1988. À cette époque, la république islamique d’Iran organise l’exécution de milliers de prisonniers politiques, pour la plupart membres de l’OMPI. Dans un rapport publié en 2024, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme en République islamique d’Iran, Javaid Rehman, n’hésite pas à qualifier ces actes de « crimes contre l’humanité » et même de « génocide », car ces exactions furent menées « uniquement sur la base d’une appartenance organisationnelle ou d’une conviction ». Il demande par conséquent la création d’un « mécanisme international […] pour garantir des enquêtes rapides et approfondies » en vue de « poursuites futures ».
À l’heure actuelle, le régime iranien ne reconnaît pas ces crimes. Bien au contraire. Dans le même article de l’agence Fars, il est écrit noir sur blanc : « Contrairement aux affirmations des médias hostiles à l’Iran, qui qualifient les exécutions de 1988 d’actes contraires aux droits humains et s’en prennent à des figures comme Raïssi [surnommé « le boucher de Téhéran, Ndlr], l’opinion publique comprend aujourd’hui la nécessité de telles mesures contre les réseaux terroristes internes. »
L’Europe complaisante
Des menaces ouvertes donc. Que les membres de la résistance iranienne tentent de faire entendre en Occident. « La complaisance de l’Europe vis-à-vis du régime des mollahs les a encouragés à poursuivre leurs crimes », analyse le politologue Hamid Enayat, également membre du Comité de Soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI). Et de rajouter : « L’occident a souvent préféré ménager le régime plutôt que de soutenir son peuple. »
Mais tous en Occident ne sont pas dupes, à l’image de Stephen J. Rapp, ex-ambassadeur américain concernant les crimes de guerre au sein de l’Office pour la Justice internationale (2009-2015). Le 24 juillet dernier, il prend la parole dans les colonnes du Washington Post et tire la sonnette d’alarme. « Le prochain massacre en Iran se déroule au vu et au su de tous », titre-t-il. Il remarque « une escalade des violations des droits humains en Iran, un schéma qui évoque les chapitres les plus sombres de l’histoire de ce pays et exige une réponse internationale soutenue ».
Des accusations en collaboration
La guerre contre Israël, qui a laissé le régime affaibli, après la perte de ses principaux Dirigeants et de ses infrastructures nucléaires, a fourni le parfait prétexte pour une répression. Le régime accusant les membres de la résistance de travailler pour le compte des Américains ou des Israéliens. « Des milliers d’Iraniens sont en danger alors que le Parlement cherche désormais à accélérer les condamnations à mort dans des affaires impliquant une collaboration imaginaire avec des entités étrangères », souligne Stephen J. Rapp.
Derrière cette menace de répression violente : l’aveu d’échec d’un régime à bout de souffle. Ainsi que l’a souligné Maryam Radjavi, présidente du Conseil National de la Résistance iranienne, dans un communiqué du 27 juillet : « Khameini […] a commis un grand crime dans les derniers jours de son régime infâme, dans l’espoir de le prolonger de quelques instants.
Mais ce crime ne fait qu’attiser la colère et la haine du peuple iranien et renforcer la détermination de la jeunesse courageuse d’Iran à affronter le fascisme religieux. »
Quarante ans de sacrifice
Face à cette menace imminente, la résistance iranienne se mobilise, soutenue, entre autres, par le Comité des maires de France pour un Iran démocratique. Le 26 août, la mairie du XVIIe arrondissement de Paris organisait une exposition et une conférence pour alerter l’opinion sur la situation en Iran. Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement et hôte de la conférence, a salué le combat des opposants au régime des mollahs : « Ce qui m’a toujours profondément marqué, c’est cette résistance enracinée qui incarne plus de quarante ans de sacrifice. Elle impose le respect et l’admiration. » Et de rappeler : « La situation des droits de l’homme en Iran est effroyable et inconcevable. »
Pourtant, une réponse claire de la part des institutions européennes se fait toujours attendre. Quelques voix s’élèvent pour demander la mise en place d’une politique de fermeté. « Toute négociation avec le régime iranien doit inclure au minimum deux revendications essentielles : l’abolition de la peine de mort et la libération des prisonniers politiques. Ces exigences ne doivent pas rester en coulisses, elles doivent être posées clairement sur la table », a assuré l’ambassadeur Joachim Rücker, ancien président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, au cours de la conférence au sein de la mairie du XVIIe.
Cette fébrilité du régime des mollahs, si elle inquiète, représente-t-elle aussi la possibilité pour la Résistance de renverser ce régime ? Car les partisans d’un Iran démocratique n’ont jamais compté sur quelconque puissance étrangère pour mettre un terme à cette dictature.
Ils appellent simplement la scène internationale à mettre fin à l’impunité du régime.
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